
Bon. J’aurais pu attendre le 1° avril 2023 pour cette étude bizarre. Bien conscient qu’elle donne du grain à moudre aux tenants de l’auriculo-thérapie et d’autres remèdes de bonne femme saoûle qui pullulent sur Internet, mais je ne l’ai pas pêchée dans le Journal de Mickey, donc why not ?
J’espère juste que je ne vais pas me faire tirer l’oreille avec cette nouvelle façon d’intervenir sur la sphère viscérale pour dé-stresser les patients…
Problématique
Des études sur les animaux indiquent l’importance du nerf vague dans la médiation de la communication entre le microbiome intestinal et le système nerveux central, ce qui entraîne des modifications du comportement émotionnel.
Cette constatation a ravivé l’intérêt pour la compréhension du rôle de la signalisation vagale dans les émotions humaines, d’autant plus que des études humaines ont également montré que des modifications de la composition du microbiome intestinal peuvent affecter les émotions. La stimulation du nerf vague serait susceptible d’aider à traiter certains cas de dépression grave.
Les auteurs ont cherché à savoir si les afférences vagales peuvent influencer les émotions chez des sujets sains, à l’aide d’une sonde auriculaire réalisant des stimulations trans-cutanées.
Quels liens entre émotions et sphère viscérale ?
Le lien anatomique
Le nerf vague fournit un lien direct entre l’intestin et le cerveau. Bien qu’il soit constitué de fibres nerveuses motrices (c’est-à-dire efférentes) et sensorielles (c’est-à-dire afférentes), environ 80 % des fibres nerveuses sont afférentes, transmettant des informations au cerveau à partir des viscères, y compris l’intestin.
Le tronc cérébral reçoit environ 95% des afférences vagales, avec des projections secondaires vers les structures limbiques et corticales.
Ii est communément admis que la signalisation vagale puisse jouer un rôle dans l’axe microbiome-intestin-cerveau chez l’homme.
Chez l’animal
Une étude récente chez la souris a montré que l’effet antidépresseur des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) par voie orale dépend de l’activité vagale afférente ; l’exposition de l’intestin aux ISRS augmentait l’activité vagale afférente tandis que le blocage de la signalisation vagale de l’intestin au cerveau par vagotomie annulait tous les effets antidépresseurs comportementaux. Les auteurs de cette étude en concluent que les troubles de l’humeur peuvent être traités par la stimulation du nerf vague.
Des études animales montrent également que l’activité afférente du nerf vague est modulée par l’environnement interne de l’intestin, puisque les nutriments, les peptides et le microbiote peuvent tous interagir avec les afférences vagales et influencer la fonction cérébrale et le comportement ultérieurs. Par exemple, comme pour les ISRS, il a été démontré qu’un probiotique (lactobacillus rhamnosus) réduisait l’anxiété et les comportements de type dépressif chez les souris uniquement lorsque le nerf vague était fonctionnellement intact, et il a été constaté que ce probiotique augmentait les afférences vagales.
Il a également été démontré que l’administration d’un autre probiotique (lactobacillus reuteri) à des souris augmente les niveaux d’ocytocine plasmatique via le nerf vague.
Chez l’homme ?
Il n’est pas possible de mesurer le tonus vagal afférent chez l’homme, mais il est possible d’étudier l’effet d’une stimulation externe du nerf vague.
Elle est effet prescrite pour les cas graves de dépression résistante au traitement habituel, mais on ne sait pas si elle peut influencer de manière détectable les biais émotionnels chez les sujets sains, ou si en fait son effet sur l’émotion est limité aux personnes souffrant de dépression.
Une méthode de stimulation non invasive peut être appliquée à une zone de l’oreille