L’extension passive de hanche est limitée


L’extension de hanche se décompose successivement en extension coxo-fémorale, antéversion du bassin, extension lombale. L’amplitude est de l’ordre de 10 à 20° ; elle est fortement dépendante du style de vie et du morphotype du sujet. 

Les limitations se font par la mise en tension de tous les ligaments coxo-fémoraux. Des tensions fréquentes des fléchisseurs de hanche peuvent être responsables de limitations pathologiques.

Cette note reprend les pistes thérapeutiques, les observations & mesures cliniques, les traitements manuels en rapport avec ce déficit.

Quelques pistes

La sédentarité 

Nous passons schématiquement le tiers de notre vie en position debout, le tiers en position couchée (avec la hanche souvent fléchie), le tiers en position assise. La vie sédentaire et donc la position assise favorise la perte de l’extension.

L’avancée en âge

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Attitude en flessum de hanche

BoussoleLe mouvement est très fréquemment limité lors de l’avancée en âge ; une étude portant sur les amplitudes des mouvements actifs de hanches et de genoux d’une population saine montre une différence cliniquement faible (de 3 à 5°) au détriment des seniors sauf pour l’extension coxo-fémorale dont l’amplitude est diminuée de plus de 20 % [20]. 

La perte de l’extension de hanche serait donc l’un des témoignages du vieillissement. Le corollaire de cette étude est important : hormis pour ce mouvement, la perte d’une amplitude articulaire est liée à une affection de l’appareil locomoteur et non au vieillissement. 

BoussoleCette limitation «physiologique» augmente avec l’âge. C’est le seul paramètre articulaire du membre inférieur qui est significativement diminué entre sujet âgés chuteurs ou non et entre sujets jeunes et âgés [11].

Une limitation d’amplitude par les muscles poly-articulaires

Droit fémoral, psoas, sartorius, tenseur du fascia lata (TFL) sont des muscles poly-articulaires, considérés comme pouvant limiter une articulation. Les adducteurs peuvent être fléchisseurs à partir d’une position d’extension, extenseurs à partir d’une position de flexion. Mono-articulaires pour la plupart, ils possèdent cependant les caractéristiques de muscles poly-articulaires. 

Toute coxalgie, coxarthrose, arthrite de hanche se traduit par une attitude vicieuse en flexion et adduction, soit la position de moindre contrainte articulaire. C’est pour Ficat, aussi lié aux tensions musculaires, majoritaires dans ces secteurs [7].

La rétroversion du bassin

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Conflit articulaire postérieur précoce lié à la retroversion du bassin

La position du bassin influe sur les amplitudes d’extension ou de flexion coxo-fémorale : la retroversion limite les possibilités d’extension ; elle va de pair avec une délordose lombaire, et entraîne une butée postérieure précoce, à tel point que les chirurgiens prennent en compte cette morphologie et ce risque de butée lors de la pose d’une PTH.

L’attitude antalgique de la hanche

  • Toute coxalgie, coxarthrose, arthrite de hanche se traduit par une attitude vicieuse en flexion / rotation latérale / adduction, qui traduit la position de moindre contrainte coxo-fémorale, de moindre tension ligamentaire, de plus grande prépondérance musculaire [7]. 
  • Le patient se couche « en chien de fusil », dans une attitude de repli sur soi. Cette position douloureuse maintenue peut devenir irréductible.
  • Un flessum de 20°, quelques degrés d’adduction, une dizaine de degrés de rotation latérale peuvent être compensés par le rachis lombaire. Il se place en lordose lors du pas postérieur, en cyphose lors du pas antérieur. Au-delà de ces amplitudes, un trop grand flessum coxo-fémoral oblige à la flexion du genou, ce qui le rend douloureux, une trop grande déviation dans le plan frontal sollicite de trop le rachis lombaire, facteur de lombalgie. 

Le « syndrome du psoas »

Selon les auteurs de cette mise au point [Eldemire 2022], le syndrome du psoas résulte d’un dysfonctionnement (?) du muscle ilio-psoas et provoque une constellation de symptômes, notamment des lombalgies, des douleurs à l’aine, des douleurs pelviennes ou des douleurs fessières. Ils associent aussi à ce syndrome le frottement du tendon du psoas sur une proéminence osseuse coxale, avec un claquement reproductible au pli de l’aine, bien que sa présence soit anecdotique.
Le syndrome du psoas est souvent observé chez les athlètes, en particulier les sauteurs, les danseurs et les coureurs, et fait partie des causes les plus fréquentes de douleurs à l’aine dans ce groupe.
Cependant, le syndrome du psoas peut survenir chez les non sportifs en raison d’une sur-utilisation, étant donné sa fonction de fléchisseur de la hanche et de rotateur latéral de hanche.

En attendant que l’évaluation échographique du psoas permette de sortir des impressions subjectives et autres histoires de chasse ?

Observations & signes cliniques

Boiteries de hanche

Voir le chapitre consacré à l’abord préliminaire de la hanche.

Observation de l’extension globale du sujet debout

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Demander au sujet de réaliser une translation antérieure du bassin et postérieure du thorax. Les hanches doivent se placer en extension. Une tension anormale des fléchisseurs gênera la translation antérieure du bassin.

Signe de Thomas

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Le patient est en décubitus. La flexion maximale de la hanche et du genou opposés induit une extension relative de la hanche controlatérale.. 

Le sujet en décubitus doit pouvoir étendre ses membres inférieurs sans creuser la région lombale pour que le test soit négatif. 

En l’absence d’une limitation de l’extension du genou, la face postérieure de cuisse doit être en contact avec la table. Lors de la flexion complète d’un membre inférieur, le membre controlatéral doit rester en contact avec le plan de la table.

Test de Thomas modifié

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Objectifs

Il est destiné à mettre en évidence une tension du droit fémoral et des autres fléchisseurs de hanche.

Procédure 

Le patient est en décubitus en bout de table. Les deux hanches et les deux genoux sont fléchies jusqu’à ce que la région lombale soit écrasée sur la table. Un membre inférieur est ensuite laissé ballant vers l’extension, l’autre est maintenu par le patient. 

Il faut veiller à l’absence d’abduction ou adduction. Les angles de cuisse et de jambe dans le plan sagittal traduisent l’extensibilité du droit fémoral. Ils peuvent être mesurés.

Le test est négatif si le patient arrive à maintenir un genou en flexion à 90° dans cette position.

Ce test peut mettre en évidence d’autres déficits :

  • L’absence de contact de la cuisse avec la table indique une tension des autres fléchisseurs,
  • La mise en abduction relative signe une tension du TFL, 
  • L’absence de contact avec un genou maintenu passivement en extension signe une tension capsulo-ligamentaire antérieure.

BoussoleFiabilité 

La fiabilité inter-examinateurs est variable voire contradictoire en fonction des études [24, 8, 3, 26]. 

Mesures 

Mesure photographique du test de Thomas modifié

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Procédure 

Le patient est en décubitus bout de table. Il est invité à fléchir la hanche et le genou controlatéraux avec un contact de la cuisse sur le thorax, garder la cuisse homolatérale en contact avec la table et maintenir le genou fléchi au maximum. 

La position est photographiée, après voir marqué milieu du bord supérieur du grand trochanter, tête de la fibula et malléole latérale. L’angulation est mesurée sur photo.

BoussoleFiabilité 

La fiabilité inter-examinateurs est faible à modérée [18]. 

Variante goniométrique

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Elle se fait à l’aide d’un goniomètre à branches. Le sujet est en décubitus en bout de table, le membre inférieur à mesurer pend en dehors de table. 

L’examinateur est latéral à lui, à la hauteur de la hanche à mesurer. 

Le patient est invité à maintenir la cuisse controlatérale en contact avec son abdomen. Une branche du goniomètre, placée sur la table, matérialise le plan frontal. La cuisse à mesurer est placée par son propre poids en extension, le genou n’est pas fléchi. L’examinateur place la deuxième branche du goniomètre en projection du grand axe de la cuisse et mesure l’angle entre cuisse et plan frontal.

Inclinométrie de l’extension passive de hanche en décubitus

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Procédure 

Le patient est en décubitus en bout de table. L’inclinomètre est préalablement cliqué sur 0. Le sujet maintient sa cuisse en contact avec la face antérieure de son abdomen. L’examinateur place l’inclinomètre sur la partie moyenne de la face antérieure de cuisse. La jambe est pendante, du fait de son propre poids. L’examinateur mesure l’angle entre le plan de la table et la cuisse, ce qui réalise une mesure globale des fléchisseurs de hanche. 

BoussoleValeurs 

Chez des sujets jeunes & sportifs des deux sexes, la valeur moyenne de l’extension de hanche est de −10.60° ± 9.61°. 

Fiabilité 

La fiabilité inter-examinateurs est bonne [6]. La reproductibilité peut être très bonne (ICC=0,87-0,91) en prenant quelques précautions positionnelles et contre-prises à l’aide d’un goniomètre digital fixé à la cuisse [Won-Deuk Kim 2020].

Sans titre

Validité 

Une forte corrélation a été observée entre l’asymétrie d’extension de la hanche, l’intensité de la douleur et l’indice Oswestry, dans une population de lombalgiques chroniques [Won-Deuk Kim 2020].

Variante pour le droit fémoral

Placer l’inclinomètre, sans appliquer de force, sur la face antérieure de jambe, distalement à la tubérosité tibiale permet de mesurer l’angle entre la jambe et l’horizontale, ce qui mesure la tension du droit fémoral.

Inclinométrie de l’extension passive de hanche en procubitus

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Positions du sujet et du praticien

Procédure 

Elle se réalise à l’aide d’un inclinomètre préalablement cliqué sur 0. L’examinateur est au niveau de la coxo-fémorale à mesurer. La contre-prise est réalisée par la main caudale, glissée à la racine des membres entre les deux cuisses et posée sur la face postérieure de la cuisse controlatérale. 

Le genou est laissé en extension pour ne pas mettre en tension le droit fémoral. L’avant-bras crânial est appliqué sur la face postérieure du grand trochanter, le grand trochanter est maintenu sur la table à l’aide d’un appui dorso-ventral. L’inclinomètre est placé sur la face postérieure de cuisse, permettant une lecture directe de l’extension coxo-fémorale.

À noter 

Cette mesure n’est réalisable qu’en présence d’une amplitude non nulle d’extension (sujet jeune), ce qui limite son intérêt.

Inclinométrie de l’extensibilité du droit fémoral, en procubitus 

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Procédure 

L’examinateur est à la hauteur de la coxo-fémorale à mesurer. La mesure se réalise à l’aide d’un inclinomètre préalablement cliqué sur 0. Le bassin du sujet est stabilisé sur la table avec la main crâniale. Le genou homolatéral est fléchi au maximum, le bassin restant immobile. Un inclinomètre est placé sur la crête tibiale, distalement à la tubérosité tibiale antérieure. L’examinateur mesure l’angle entre la jambe et le plan de la table.

Mesure du mouvement lombaire compensatoire lors de l’extension de hanche

d92349df4dfaddd040ae5aee976fc1b0Une augmentation de la lordose lombaire et une rotation pelvienne peuvent compenser une extension de hanche limitée. La mesure de leurs amplitudes est possible en procubitus à l’aide d’un double inclinomètre digital particulier (Dualar IQ, JTech Medical, photo issue de l’article).

L’inclinomètre d’un smartphone fixé à la cuisse permet d’indiquer à quel moment la cuisse fait un angle de 10° avec l’horizontale. A cette amplitude précise, les inclinomètres posés sur le rachis thoracique et à hauteur des EIPS permettent de mesurer les degrés d’extension et de rotation pelvienne [Won-Deuk Kim 2020].

BoussoleValeurs 

Dans une population de lombalgiques chroniques, la rotation lombaire est dans cette position fortement corrélée avec l’extension de hanche. L’extension lombaire ne l’est pas [Won-Deuk Kim 2020]. 

Sans titre

Mobilisations passives 

Mobilisation passive et posture en extension en procubitus

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Procédure 

 

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