La stabilisation latérale de hanche est limitée. Comment la quantifier ? Quels exercices proposer ?


Quelques pistes

Contrôler le genou et le pied

De la stabilité latérale de la hanche dépend l’orientation du pied au sol lors de la course, essentiellement chez le patient féminin (plus laxe), à la fatigue (moins de contrôle moteur). Le lien entre force musculaire et instabilité chronique de cheville est une spécificité féminine [Lu 2022].

BoussoleLa prévention du syndrome fémoro-patellaire comme des entorses de cheville ou de genou passe aussi par une augmentation de la force et de l’endurance des muscles abducteurs et rotateurs latéraux de hanche [39, 13, 38, 42, 5, 40, 28].

Abducteurs, coxarthrose, avancée en âge

BoussoleCliniquement, la présence de graisse cache l’amyotrophie des abducteurs de hanche.

Cependant, moyen fessier, piriforme, et petit fessier présentent une section plus faible à l’IRM  chez les patients souffrant de coxarthrose à un stade avancé [16]. Leur force apparaît corrélée avec la capacité à se tenir debout en unipodal, chez les patients âgés [8].

Innervations 

Innervation et activité électro-myographique des abducteurs de la coxo-fémorale, selon Bouisset [7] & Dufour [12]

 Muscles FLE EXT ABD ADD RM RL Innervation radiculaire Innervation tronculaire
Sartorius + 0 + 0 0 + L2, L3 Fémoral 
Droit fémoral +++ 0 + 0 0 0 L2, L3, L4 Fémoral 
TFL + 0 + 0 + 0 L4, L5(S1) Plexus sacral
Grand fessier 0 +++ + + 0 +++ L5, S1, S2 Plexus sacral
Moyen fessier + + +++ 0 + + L4, L5, S1 Plexus sacral
Petit fessier + + + 0 +++ + L4, L5, S1 Plexus sacral

Observations & signes cliniques 

Signe de Trendelenburg, boiterie de Duchenne de Boulogne

Voir le chapitre consacré aux boiteries de hanche.

Test de l’appui unipodal 

Procédure 

Afin de mettre en évidence une souffrance des stabilisateurs de hanche, il est demandé au patient de tenir le bassin horizontal, en appui unipodal en s’aidant juste de deux appuis digitaux pour garder l’équilibre, durant trente secondes. 

BoussoleValeurs

Le test est positif en présence de douleurs survenant dans les 30 secondes. Il pourrait discriminer les patients des sujets sains [18]. 

Variante 

Laisser le patient se placer en appui unipodal sans exiger de lui de maintenir le bassin horizontal pourrait solliciter davantage la partie tendineuse des fessiers, placer la hanche dans un environnement plus habituel. La reproduction des symptômes dans les trente secondes positiverait le test.

A noter qu’une sensibilité exacerbée du nerf ilio-hypogastrique, dont le territoire cutané correspond à la région incriminée dans les tendinopathies glutéales doit être recherchée (voir le chapitre consacré à l’abord préliminaire de la région lombaire).

Recherche d’une douleur à l’abduction contrariée

1

Procédure 

Demander au patient en latérocubitus controlatéral une abduction isométrique contre résistance à la recherche de la reproduction de la douleur. 

Pour des patients souffrant de douleurs latérales de hanche, ce test simple peut être couplé à la palpation de la zone trochantérienne à la recherche d’une douleur, au test de Patrick, au test d’Ober (originellement utilisé pour évaluer la raideur du tractus ilio-tibial et considéré comme pouvant aussi mettre en évidence une douleur).

BoussoleValidité 

Il y a cependant une faible concordance entre les observations des physiothérapeutes et la présence d’anomalies à l’IRM, dans ce diagnostic de «trochantérite» souvent posé mais mal défini [45]. 

Mesures 

Test de Van Vooren 

Procédure 

Patient en latéro-cubitus, en position de Récamier pour éviter la participation du carré des lombes, le kinésithérapeute place une charge en regard du genou égale à 1/6° du poids du corps. 

Valeurs

Le maintien pendant plusieurs secondes de la charge sans mouvement serait le témoin de la force normale de ces muscles [43].

A noter 

Ce test peut être négatif et le patient peut néanmoins boiter, ce qui s’explique par le fait que les intensités demandées sous-estiment la force nécessaire des stabilisateurs latéraux, même en prenant en compte poids et taille du sujet comme le proposaient Rabeux & Michaut [35].

Mesure comparative de la force isométrique au pèse-personne 

2

Procédure 

Patient en latérocubitus controlatéral, kinésithérapeute debout sur un pèse-personne, à la hauteur de la cuisse à tester. Après s’être pesé, il résiste à l’abduction par un appui sur le condyle latéral fémoral. Il compare avec le côté opposé la mesure de force des stabilisateurs. Il faut veiller à ce que l’application de la force soit verticale. 

Valeurs

La valeur recueillie est le pourcentage de la valeur recueillie du côté sain.

Mesure de l’endurance en latérocubitus

Procédure 

Le sujet est en latéro-cubitus, le dos parallèle à un mur qu’il touche légèrement pour servir de référence spatiale. Le membre inférieur supralatéral (le membre testé) est testé à 30° d’abduction, sans flexion ni rotation. Le membre infralatéral est en crochet pour stabiliser le sujet. La plante du pied est en contact avec le mur. 

La position doit être maintenue le plus longtemps possible. Le test se termine lorsque le testeur observe une perte estimée de plus de 25 % de la hauteur de la position de départ pendant plus de trois secondes, ou lorsque le membre testé entre en contact avec la surface de test. Le temps écoulé jusqu’à l’échec de la tâche est enregistré.

Valeurs

Soixante-huit hommes et femmes, avec ou sans lombalgie récurrente, âgés de 18 à 35 ans, ont été recrutés dans une population universitaire. Une électro-myographie de surface a recueilli l’activité des grands et moyens fessiers, et chaque sujet a effectué trois essais en endurance d’abduction. Les temps de maintien, les données EMG de fréquence médiane (MF) et les raisons subjectives de l’échec de la tâche ont été analysés.

Les temps de maintien moyens étaient de 104,83 ± 34,11 secondes. Aucune différence statistiquement significative n’a été trouvée entre les sujets avec et sans lombalgie récurrente. 

Une sensation de fatigue de la région fessière postéro-latérale a été signalée comme la raison principale de l’échec de la tâche chez la grande majorité des sujets. 

Fiabilité

Une grande fiabilité intra-opérateur (ICC = 0,87-0,94) et inter-examinateurs (ICC = 0,99) [Lehecka 2021].

Mesures de la force isométrique au capteur de pression 

3

Procédure 

Le patient est sanglé, en latéro-cubitus, un capteur de pression (Lafayette Instruments ®) interposé entre la sangle et sa cuisse, 5 cm au dessus du condyle fémoral. Un coussin est glissé à l’entre-cuisses pour assurer l’horizontalité du membre inférieur supralatéral. 3 essais sont réalisés pendant lesquels une force maximale est demandée au patient : il doit progressivement accroître sa résistance pendant 5 secondes, puis maintenir la force maximale pendant 3 autres secondes. 

BoussoleValeurs

Globalement, les patients développent de l’ordre de 30 kgs (20 kgs chez les patients féminins). 

Exemples de valeurs retrouvées et fiabilité des mesures de force isométrique en abduction coxo-fémorale au capteur de pression

Auteurs  Résultats Position  ICC intra-obs.
Youdas 2008 (n=45) [46]  47,1 ± 9,8 % poids Cuisse en décubitus  0,96
Kramer 1991 (n=20 âgés, 20 jeunes) [26]  30 Nm vs 50 Nm Cuisse en décubitus  0,84 à 0,98
Arokoski 2002 (n=27 coxarthroses vs 30 sains) [1]  106 ± 28 vs  154 ± 35 Nm Cuisse en décubitus   
Marino 1982 (n=128 patients divers) [31]  18,7 (9,9-34) kg côté sain vs  17,2 (7-31,6) kg côté patho Cheville latéro-cubitus   
Krause 2007 (n=21 sains) [27]  10,7 ± 2,2 % poids par taille Cheville latéro-cubitus  0,93

BoussoleFiabilité 

Ces mesures sont très fiables en inter-examinateurs, mais avec une dispersion très importante des valeurs ce qui explique l’absence de normes [15]. 

Validité 

Ces valeurs sont moyennement coréllées à l’indice de masse corporelle (coefficient de Pearson entre 0,52 et 0,64) [2].

Mesure de la force de l’éventail fessier

4

Procédure 

Le patient est en latérocubitus infralatéral, la hanche à 20° d’abduction, 45° de flexion, le genou à angle droit, fléchi sanglé à la table, le pied posé sur le pied infralatéral. Un dynamomètre de type Lafayette Instrument ® est glissé entre la sangle et le genou, à 5 cm au dessus de l’interligne. Le sujet est invité à abducter la hanche en gardant les deux pieds en contact, contre la résistance de la sangle. 

BoussoleFiabilité 

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