
Une étude rétrospective sur des patients victimes d’accidents de la route dans deux services d’urgence de Vérone (Italie) a été réalisée. Les patients dans la première phase aiguë de « l’entorse » cervicale (dans les 48 heures suivant le traumatisme) ont été inclus ; ceux qui présentaient des conditions graves (entorse cervicale de niveau IV) ont été exclus.
2162 patients ont été inclus ; parmi eux, 85,4% (n = 1847/2162) ont reçu une prescription de collier cervical souple. En outre, 8,4 % (n = 156/1847) de ceux qui ont reçu une prescription de collier cervical souple et 2,5 % (n = 8/315) de ceux qui n’en ont pas reçu (p < 0,001) sont retournés aux urgences dans les trois mois.
L’utilisation du collier cervical souple était un facteur de risque indépendant de retour aux urgences dans les trois mois, avec un odds-ratio (OR), ajusté pour les facteurs de confusion cliniques possibles, égal à 3,418 (IC 95% 1,653-7,069 ; p < 0,001).
Après l’appariement, 25,5 % des patients (n = 25/98) utilisant le collier cervical souple sont retournés aux urgences après trois mois, contre 6,1 % (n = 6/98) qui n’ont pas adopté le collier cervical souple.
L’utilisation d’un collier cervical souple est associée au retour aux urgences avec un OR = 4,314 (IC 95 % 2,066-11,668 ; p = 0,001).
L’étude montre que le positionnement d’un collier souple dans une cohorte de patients souffrant d’une entorse cervicale aiguë, suite à une collision arrière, est un facteur de risque potentiel indépendant pour le retour aux urgences. Cliniquement, l’utilisation du collier est une pratique non recommandée et semble être liée à un risque accru de récupération tardive.
Il est nécessaire d’informer les prestataires de soins impliqués dans les urgences de l’objectif de limiter l’utilisation du collier cervical souple. Une collaboration plus étroite entre les cliniciens (p. ex. médecins, physiothérapeutes, infirmières) est suggérée dans les urgences. Les futures études primaires devraient déterminer les différences entre l’utilisation et la non-utilisation du collier, et comparer la kinésithérapie précoce aux urgences avec l’utilisation du collier [Mourad 2021].
Pour tordre le coup à la « minerve »
Il y a bien 20 ans qu’on a des preuves en faveur de l’inutilité du « collier cervical », mais cela n’empêche pas de voir encore arriver les cervicalgiques traumatisés avec ça. 4 études contrôlées randomisées vont dans le même sens, d’après cette revue systématique.
N.B : Ca fait toujours du bien de se rappeler des classiques ; je peux encore afficher le graphique de l’étude de Bonk en 2000, elle fait partie des articles sélectionnés.
Contexte :
La rééducation active de la cervicalgie attribuée à un fléau cervical est préférée aux modalités passives telles que les colliers souples. Cependant, l’efficacité de l’utilisation du collier souple reste incertaine.
Cette revue systématique s’est donnée pour objectif d’étudier l’efficacité de l’utilisation de colliers souples sur la douleur et l’invalidité dans cette affection.
Résultats :
Quatre études contrôlées randomisées (n = 409) de qualité moyenne à bonne (scores PEDro) ont été incluses, trois d’entre eux utilisant un collier souple en plus d’un autre traitement conservateur, tandis qu’une étude a comparé l’utilisation d’un collier souple à un traitement habituel.
Toutes les études ont montré qu’une approche active ou habituelle était plus efficace pour réduire l’intensité de la douleur que l’utilisation d’un collier souple, ce qui a été confirmé par une méta-analyse (deux études contrôlées randomisées avec des données : SMD de -0,80 (-1,20, -0,41)).
Aucune étude n’a fait état de résultats en matière d’invalidité, tandis que des résultats contrastés ont été constatés entre les groupes en ce qui concerne l’amplitude totale des mouvements cervicaux (deux études contrôlées randomisées avec données : SMD de 0,16 (-0,21, 0,54)) ou la rotation (deux études contrôlées randomisées avec données : SMD de 0,54 (-0,19, 1,27)). La qualité globale des preuves était faible à très faible.
Conclusion :
Les quatre études contrôlées randomisées restent en faveur d’une approche active par rapport au traitement par collier souple.
Cependant, en raison de problèmes méthodologiques et de la faible certitude des preuves, il faudrait de futures études pour voir l’intérêt du couplage du collier de chien avec des techniques actives.
Références bibliographiques
Firas Mourad, Giacomo Rossettini, Erasmo Galeno et al.Use of Soft Cervical Collar among Whiplash Patients in Two Italian Emergency Departments Is Associated with Persistence of Symptoms: A Propensity Score Matching Analysis. Healthcare (Basel). 2021 Oct 14;9(10):1363. doi: 10.3390/healthcare9101363.
Article en accès libre en cliquant sur le lien du titre
Steffan Wittrup McPhee Christensen, Michael Bo Rasmussen, Christoffer Lund Jespersen, Michele Sterling, Søren Thorgaard Skou. Soft-collar use in rehabilitation of whiplash-associated disorders – A systematic review and meta-analysis. Musculoskelet Sci Pract. 2021 Oct,55:102426. doi: 10.1016/j.msksp.2021.102426.
Bonk AD et al. Prospective, randomized, controlled study of activity versus collar, and the natural history for whiplash injury, in Germany. J Musculoskelet Pain 2000;8(1/2):123-32