Un peu plus de la moitié des physios américains déclarent faire du dry needling. Un peu moins de la moitié de leurs patients déclarent des évènements indésirables mineurs
Butler écrivait dans Explain Pain que l’acupuncture est plus efficace si l’acupuncteur est un homme chinois & si ça se passe en Chine. Elle l’est moins si l’acupuncteur est une femme, pas chinoise et si ça se passe ailleurs qu’en Chine (si vous avez les références bibliographiques, je prends).
Grosse différence avec le dry needling : les évènements indésirables majeurs sont plus rares auprès des femmes kinésithérapeutes, sans trop d’expérience, avec peu d’heures de formation…. Cette note est maudite. Je me garderais de tout commentaire, autant sur les femmes que sur les experts en «puncture sèche» 😀 .
Il y a peut être, comme pour la manipulation vertébrale cervicale, de rares complications graves, imprévisibles & intrinsèques, même chez les meilleurs praticiens ?
Objectifs :
- Estimer la proportion de kinésithérapeutes qui pratiquent actuellement le DN et rendre compte des pratiques actuelles.
- Rapporter le nombre d’événements indésirables mineurs et majeurs
- Déterminer si ces événements indésirables étaient liés aux caractéristiques des thérapeutes.
Méthodes :
Une enquête électronique anonyme a été distribuée aux physiothérapeutes par l’intermédiaire de groupes d’intérêt spéciaux aux États-Unis.
Les données démographiques des participants et les réponses ont été analysées à l’aide de statistiques descriptives. Les associations entre les variables ont été examinées à l’aide d’un bête X2.
Résultats :
Le taux de réponse estimé était de 14,4 % (n = 865, âge moyen 39,89 ± 11,73 ans). Plus de la moitié (55,0 %, n = 461) des répondants pratiquent le DN ; les niveaux de formation varient.
La plupart (78,8 %, n = 337) effectuent de 0 à 3 séances par jour, d’une durée généralement inférieure à 15 minutes (67,3 % des répondants, n = 288).
Les thérapeutes effectuent généralement 3 à 6 séances au cours du traitement du patient (82,0 % des répondants, n = 350).
Les événements indésirables mineurs sont fréquents ; les répondants ont estimé que cela se produisait dans 39,6 % ± 31,5 %) des traitements.
Les événements indésirables majeurs sont rares et ne nécessitent généralement pas de soins d’urgence.
Le fait d’être de sexe masculin (X2 = 8,197, p = 0,004), d’avoir de l’expérience (plus de 4 ans ; X2 = 34,635, p < 0,001) et d’avoir une formation plus poussée (plus de 61 h ; X2 = 8,503, p = 0,004) était associé à la déclaration d’un événement indésirable majeur survenu au cours de leur carrière.
Conclusions :
La moitié des kinésithérapeutes interrogés pratiquent le DN. Les modes de pratique sont conformes à l’opinion des experts.
Le nombre d’événements indésirables signalés suggère que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour quantifier les risques de l’aiguilletage à sec.
Les caractéristiques des participants associées à un événement indésirable majeur semblent être liées au nombre d’expositions [Gattie 2020].
Diminuer les risques du dry needling grâce à l’échographie
Les traitements par DN peuvent induire des évènements indésirables légers dans environ 20 % des cas. Les plus fréquents sont les ecchymoses (7,55 %), les saignements (4,65 %), la douleur pendant le traitement (3,01 %) et la douleur après le traitement (2,19 %).
Les événements indésirables graves sont exceptionnels. Le pneumothorax est l’un des plus souvent évoqués, même si les cas de pneumothorax rapportés dans la littérature suite aux traitements en DN ou en acupuncture, sont inférieurs à un patient traité sur 100 000.
Les auteurs indiquent que l’aiguille ne doit pas être insérée plus profondément que 1.5 cm pour atteindre le rhomboïde et pas plus de 2 cm pour atteindre le trapèze inférieur et les muscles ilio-costalgiques, pas plus de 0,9 cm de profondeur pour atteindre le grand pectoral en partie claviculaire, chez les patients de poids normal.
Comme la palpation manuelle des côtes en regard du rhomboïde est d’une précision modérée, la mesure par échographie de la distance entre la peau et la côte pourrait garantir la sécurité de cette procédure de traitement.
Le but de cette étude était de déterminer la fiabilité inter-évaluateurs de la mesure de la profondeur de différents muscles du tronc (rhomboïde, trapèze inférieur, iliocostal et grand pectoral) entre un expert et deux physiothérapeutes novices.
La distance entre la peau et les côtes de 26 sujets asymptomatiques de poids normal a été mesurée consécutivement, indépendamment et au hasard pour chaque muscle par les trois examinateurs à l’aide d’une sonde tenue à la main.
Le coefficient de corrélation intraclasse (ICC3,k) et l’erreur-standard de mesure (SEM) ont été utilisés pour évaluer la fiabilité inter-examinateurs.
La fiabilité inter-corrélation des mesures entre les trois examinateurs était bonne à excellente ou excellente pour chaque muscle, avec un ICC3,k allant de 0,92 à 0,98 (95% IC 0,86-0,99). La SEM n’a jamais dépassé 10 % de la distance entre la peau et la côte.
En conclusion, les mesures échographiques de la distance entre la peau et les côtes des muscles du tronc peuvent être effectuées de manière fiable par des kinésithérapeutes novices.
Ces mesures pourraient être utilisées pour améliorer la sécurité de certains traitements par DN potentiellement dangereux.
Références bibliographiques
Anna Folli, Alessandro Schneebeli, Simone Ballerini, Francesca Mena, Emiliano Soldini, César Fernández-de-Las-Peñas, Marco Barbero. Enhancing Trigger Point Dry Needling Safety by Ultrasound Skin-to-Rib Measurement: An inter-Rater Reliability Study. J Clin Med. 2020 Jun 23;9(6):E1958. doi: 10.3390/jcm9061958.
Article en accès libre.
Eric Gattie, Joshua A Cleland, Suzanne Snodgrass. A survey of American physical therapists’ current practice of dry needling: Practice patterns and adverse events. Musculoskelet Sci Pract. 2020 Sep 5;50:102255. doi: 10.1016/j.msksp.2020.102255.