Il est souvent retrouvé que les patients souffrant de lombalgies chroniques présentent une amplitude d’extension des hanches inférieures à celle de sujets en bonne santé.
Cette étude visait à confirmer les corrélations entre l’amplitude d’extension de hanche, son asymétrie, l’intensité de la douleur, l’indice d’invalidité et le mouvement lombaire compensatoire chez les patients souffrant de lombalgies chroniques non spécifiques.
Matériel et méthodes
Sur 66 patients souffrant de lombalgie chronique non spécifique et d’extension limitée de la hanche, 59 ont rempli les critères d’inclusion et ont été inscrits à l’étude.
Mesure de l’extension passive de hanche
Un test de Thomas modifié a été utilisé pour mesurer l’amplitude du mouvement d’extension de la hanche à l’aide d’un inclinomètre numérique. L’assymétrie a été déterminée par la différence entre les mesures D & G.
Mesure du mouvement lombaire compensatoire
Une augmentation de la lordose lombaire et une rotation pelvienne peuvent compenser une extension de hanche limitée. La mesure de leurs amplitudes est possible en procubitus à l’aide d’un double inclinomètre digital particulier (Dualar IQ, JTech Medical, photo issue de l’article).
L’inclinomètre d’un smartphone fixé à la cuisse permet d’indiquer à quel moment la cuisse fait un angle de 10° avec l’horizontale. A cette amplitude précise, les inclinomètres posés sur le rachis thoracique et à hauteur des EIPS permettent de mesurer les degrés d’extension et de rotation pelvienne.
Indicateurs
L’intensité de la douleur, l’indice d’invalidité d’Oswestry, l’amplitude des mouvements de la hanche, l’extension lombaire compensatoire et la rotation lombaire compensatoire des sujets ont été évalués.
Résultats
Une forte corrélation a été observée entre l’asymétrie d’extension de la hanche, l’intensité de la douleur et l’indice Oswestry, dans une population de lombalgiques chroniques.
Cependant, aucune corrélation n’a été observée entre la rotation et l’extension lombaires compensatoires, l’intensité de la douleur et l’indice d’invalidité.
Une forte corrélation a également été observée entre l’amplitude de mouvement limitée de l’extension de la hanche et la rotation lombaire compensatoire (P<0,05), mais pas entre l’amplitude de mouvement limitée de l’extension de la hanche et l’extension lombaire compensatoire (P>0,05).
Conclusion
Selon cette étude, ce qui semble remarquable, c’est l’asymétrie dans l’extension de hanche, les patients souffrant de lombalgies n’ayant pas une même mobilité D/G coxo-fémorale en extension.
Il semble que plus cette asymétrie est importante, plus l’intensité de la douleur et l’indice d’invalidité d’Oswestry soient élevés.
L’extension du rachis lombaire est compensatrice de l’extension coxo-fémorale. On pourrait croire que les deux mouvements sont liés, de façon proportionnelle ou inversement proportionnelle, mais cette étude ne retrouve pas de liaison significative entre ces amplitudes.
Par contre, lors d’une extension de hanche en procubitus, il existe une forte corrélation entre la rotation lombaire et l’extension de hanche (NDR : Je suppose que l’extension de la hanche G se traduit par une rotation lombaire D, la face antérieure du tronc se tournant relativement vers la D).
Cette étude a plusieurs limites :
- Comme l’âge des patients a été fixé à 50 ou 70 ans, les données ne peuvent être généralisées à tous les âges.
- Ce qui s’observe en procubitus ne s’observe pas forcément lors de la marche ou de la course : les mouvements peuvent être simplement induits par la position. Mais il reste à déterminer si tous les lombalgiques présentent ces perturbations ; il ne vous reste plus qu’à investir dans un nouveau goniomètre. Vous me direz.
Références bibliographiques
Won-Deuk Kim, DooChul Shin. Correlations Between Hip Extension Range of Motion, Hip Extension Asymmetry, and Compensatory Lumbar Movement in Patients with Nonspecific Chronic Low Back Pain. Med Sci Monit. 2020 Sep 24;26:e925080. doi: 10.12659/MSM.925080.
Article en accès libre en cliquant sur le lien du titre.
Bonjour,
La même étude a-t-elle été faite sur des personnes ne souffrant pas de leur colonne lombaire avec des imageries « normales » et des personnes aux imageries montrant des anomalies, mais sans douleurs ?
Merci
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Bonjour. En l’occurrence, il ne s’agit pas d’imagerie mais de mesures goniométriques. De mémoire, il y a un article de Sahrmann qui a observé des mouvements anormaux chez le lombalgique en procubitus à l’aide de capteurs inertiels ou système Vicon lors des rotations de hanche ou de flexion du genou (en gros le lombalgie est incapable de dissocier les mvts de coxo-fémorale des mvts lombaires) et une vielle étude d’Ellison qui concluait à une asymétries dans les rotations de hanche chez le lombalgique (mêmes amplitudes mais pas mêmes secteurs) en mesure goniométriques il me semble. Je dois les avoir évoqués dans les écrits sur le sujet, rubriques « du diagnostic au traitement ».
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Merci de votre réponse.
Il n’y a donc aucune étude pour montrer que cette asymétrie d’amplitude de coxo-femorale n’existe pas aussi chez des personnes non lombalgiquss ?
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A ma connaissance, l’étude d’Ellison portait sur le fait que les lombalgiques présentaient significativement un « pattern » de rotations coxo-fémorales anormal par rapport aux non-lombalgiques. C’est d’ailleurs pour cela que Childs a utilisé dans un premier temps cette anomalie comme l’une des règles de prédictions cliniques pour la réussite d’une manipulation vertébrale chez le lombalgique aigu. Il me semble que les études reviennent sur ce caractère prédictif, mais a prioir cela ne remet pas en question les propos d’Ellison.
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Je vous remercie
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