
Le test d’inclinaison latérale cervicale supérieure est un test de dépistage pré-manipulatif censé évaluer l’instabilité cervicale supérieure lié à une solution de continuité du ligament alaire (ex. occipito-odontoïdien latéral).
En principe, lors d’une inclinaison latérale gauche ou une rotation gauche cervicale supérieure, il doit y avoir une translation latérale droite palpable du processus épineux de C2. Une absence de mouvement de C2 indique une atteinte du ligament alaire controlatéral.
Deux études cadavériques ont analysé ces mouvements, avec ou sans lésion ligamentaire uni ou bilatérale. Ces ligaments participent manifestement à la stabilité occipito-atloïdienne.
Qu’est-ce qu’il se passe lors du test après section d’un ligament alaire et mobilisation passive manuelle en inclinaison latérale ?
Une étude in vitro [Hidalgo-García 2020] a tenté de répondre à cette question. Après la dissection de leurs structures superficielles et la fixation de C2, dix rachis cervicaux cryoconservés ont été mobilisés manuellement en flexion latérale droite et gauche avec et sans section expérimentale du ligament alaire droit.
L’amplitude d’inclinaison latérale du rachis cervical supérieur et les contraintes exercées lors de ce mouvement ont été mesurées à l’aide d’un système d’analyse quantifiée du mouvement Vicon et de capteurs de forces.
Résultats
La section du ligament alaire droit augmente l’amplitude du mouvement d’inclinaison latérale dans les deux sens, pour un peu plus d’un degré (augmentation de 1,30 ° ± 1,54 ° et 1,88 ° ± 1,51° pour la flexion droite et gauche respectivement).
Ceci avec des appuis standardisés de 2N, 4N et 6N.
En rotation ?
Selon le résumé de cette étude cadavérique des mêmes auteurs [Hidalgo-García 2020], la section unilatérale d’un ligament alaire sur 10 cadavres frais entraine une augmentation bilatérale de la rotation cervicale supérieure lors de la mobilisation en rotation sur tous les spécimens (rotation contralatérale (3,6°, 12,9%) et rotation ipsilatérale (4,6°, 13,7%)).
Qu’est-ce qui se passe lors du test après section d’un ou deux ligaments alaires et mobilisation passive robotisée ?
Une autre étude, parue ces temps-ci aussi [Tisherman 2019], par d’autres auteurs, n’a pas fait intervenir de mobilisation passive manuelle et a analysé d’autres secteurs que le simple plan frontal :
- Couplage de la rotation avec la flexion
- Couplage de la rotation avec l’inclinaison latérale
- C2 spinous kick test, soit le fait de résister à la rotation de C2 par un appui sur le processus épineux lors d’un mouvement de rotation.
Là encore, il s’agit d’une étude cadavérique pourtant sur 8 échantillons de C0-C3 (cadavres frais provenant d’individus de 59.6 ± 9.3 ans de moyenne d’âge).
L’amplitude des mouvement et le moment à la fin de la mobilisation passive des échantillons intacts étaient les principaux résultats.
Les examens cliniques ont été simulés par rotation sur deux axes comme lors de l’examen physique, dans trois conditions :
- Ligaments alaires intacts,
- Section unilatérale,
- Section bilatérale.
Procédure
Les mouvements robotisés de C0 étaient analysés par 5 caméras IR Vicon à l’aide de trois marqueurs réfléchissants. Des vis étaient placées dans l’arc antérieur de C1 et l’apophyse épineuse de C2 pour stabiliser les segments sous-jacents.
Les moments maximaux des forces appliquées étaient de 0,75 Nm pour la rotation axiale et de 1,5 Nm pour la flexion-extension et l‘inclinaison latérale avec 10 N de précharge de façon à mettre en contrainte les articulations cervicales. La rotation axiale et l’inclinaison latérale ont été effectués dans les deux directions et les données retenues correspondent au cumul des deux (gauche et droite).
Résultats
Une lésion unilatérale entraine une augmentation significative de la flexion latérale (12,0 ± 7,2%, p <0,05), de la rotation axiale (4,1 ± 2,4%, p <0,05) et de la flexion-extension (5,3 ± 4,3%, p <0,05) par rapport a des spécimens intacts.
Les auteurs rapportent une augmentation de plus de 5° en rotation et inclinaison latérale lors d’une lésion unilatérale.
Les ligaments alaires contribuent à la limitation du mouvement en extension (13,4 ± 6,6%, p <0,05), en flexion (4,4 ± 2,2%, p <0,05), en rotation axiale (19,3 ± 2,7%, p <0,05), en inclinaison latérale (16,0 ± 2,8%, p <0,05).
Le C2 spinous kick test a montré la plus grande variation en pourcentage (-23,0 ± 14,8%).
Le test de flexion-rotation vers le côté de la lésion augmente de manière significative la rotation axiale de la plus grande amplitude absolue (5,5 ° ± 5,1 °).
Dans l’ensemble, des changements quantifiables du mouvement mesurés lors d’examens physiques simulés ont été trouvés.
La capacité d’un clinicien à ressentir ces changements reste inconnue.
Références bibliographiques
Hidalgo-García C, Lorente AI, Rodríguez-Sanz J, Miguel Tricás-Moreno J, Simon M, Maza-Frechín M, Lopez-de-Celis C, Krauss J, Pérez-Bellmunt A. Effect of alar ligament transection in side-bending stress test: A cadaveric study. Musculoskelet Sci Pract. 2020 Jan 14;46:102110. doi: 10.1016/j.msksp.2020.102110. Article sous presse
Articles en rapport avec le sujet
César Hidalgo-García, Ana I Lorente, Orosia Lucha-López et al. The effect of alar ligament transection on the rotation stress test: A cadaveric study. Clin Biomech (Bristol, Avon). 2020 Oct 1;80:105185. doi: 10.1016/j.clinbiomech.2020.105185.
Tisherman R, Hartman R, Hariharan K, Vaudreuil N, Sowa G, Schneider M, Timko M, Bell K. Biomechanical contribution of the alar ligaments to upper cervical stability. J Biomech. 2020 Jan 23;99:109508. doi: 10.1016/j.jbiomech.2019.109508.