Traitements du syndrome fémoro-patellaire (JOSPT)


Sans titreRenforcement musculaire

Travail du quadriceps 

C’est l’essentiel du traitement proposé, encore aujourd’hui, mais plus on avance dans les études, moins il est précis. Ainsi la rééducation spécifique du vaste interne que les plus jeunes ne connaissent pas a laissé place au travail du quadriceps dont on ne sait pas s’il doit se faire en charge ou pas.

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Travail du quadriceps au tensiomètre

Perso, j’ai longtemps considéré que le travail en chaine ouverte était insupportable au patient et que la méthode espagnole du Assis Sanchez était la seule planche de salut.

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Assis Sanchez

J’avais mon justificatif biomécanique, puisque la rotule bénéficie d’une plus grande surface d’appui en flexion qu’en extension et que si elle est douloureuse, les douleurs sont mieux réparties sur une plus grande surface…

Ca ne semble pas biomécaniquement faux, mais le JOSPT indique qu’il n’y a pas de différence dans l’efficacité entre les exos en charge et les autres, sur les court, moyen et long-terme, et que les deux types de prises en charge sont plus bénéfiques que de ne rien faire….

Travail de l’éventail fessier 

Cela fait une dizaine d’années que des floppées d’études indiquent l’intérêt de travailler les stabilisateurs latéraux et postérieurs de hanche, de façon à éviter que le membre du sujet fatigué ne s’effondre en adduction de hanche, translation médiale de genou, pronation de pied avec pour résultante une rotule qui rippe vers le latéral…

Le JOSPT n’indique pas qu’il faille désormais faire travailler les muscles de hanche plutôt que le quadriceps, mais juste qu’il est préférable de travailler hanche et genou plutôt que genou tout seul. 

Bref…

Il faut faire du renforcement musculaire du genou & des stabilisateurs latéraux de la hanche. Ca peut se faire en charge ou non. Il faut plutôt travailler la hanche au début de la rééducation.

Straper la rotule 

Ce qui se fait

Les auteurs du JOSPT indiquent la technique de McConnell, où une contension rigide est appliquée dans le but de réduire dans trois directions les mouvements accessoires de la patella (cf vidéo), afin de diminuer les douleurs lors d’une tâche fonctionnelle comme de descendre les escaliers.

On est loin des techniques très élaborées et en plus, cela semble parfaitement réalisable par un patient après information. 

D’autres techniques de contentions souples visent à encourager le travail du vaste médial.  

Ce que le JOSPT recommande

Le JOSPT considère que leur emploi conjoint à une thérapie par exercice est immédiatement bénéfique sur la douleur, ce qui peut favoriser le travail actif (en gros le kinésithérapeute pose le strap et lâche le patient dans la salle de sport pour qu’il réalise des exos avec moins de douleur ?). L’usage de la technique présente moins d’intérêt quand le patient progresse ou sur le long-terme. 

Les histoires de poser un strap pour améliorer la fonction musculaire, le JOSPT conseille d’oublier.

Il n’encourage pas non plus d’utiliser des orthèses de genou, genouillères.

Les semelles orthopédiques

Comme certains patients souffrant de syndrome fémoro-patellaire présentent aussi un pied en pronation (pouvant être cliniquement déterminé en statique par le navicular drop test), il a été proposé de mettre un coin médial anti-pronation, histoire que le patient évite l’appui sur cette partie. Le JOSPT considère que l’on peut sur le court-terme (6 semaines) prescrire des orthèses préfabriquées ayant cette particularité ; je suis sur que les podos ne vont pas être d’accord, et encore moins quand le JOSPT avance qu’il n’y a pas de preuve pour recommander des orthèses conçues pour le patient plutôt que des semelles standard.

Du coup, rien ne nous empêche de proposer un traitement d’essai avec le rebord médial d’une vieille semelle découpée et glissée sous la semelle de la chaussure…notamment quand vous verrez votre patient courir comme ça sur votre tapis volant…

Biofeedback du vaste médial

Faire sonner le vaste médial préférentiellement lors de divers travaux du quadriceps, why not ? Eh ben not. Le JOSPT ne se base que sur une étude contrôlée randomisée, mais c’est not.

Modifier sa façon de courir

marey

Conseiller au patient d’éviter les collines et les D+, augmenter la fréquence des entrainements mais en réduire la durée et proposer au patient les derniers conseils à la mode : augmenter la cadence / réduire le bruit de claquement des chaussures sur le sol / courir plutôt sur l’avant-pied.

Ces conseils sont susceptibles d’être utiles sur le moyen-terme. 

Blood-flow therapy

Alors ça, je ne sais vraiment pas de quoi ils parlent. A suivre dans les jours à venir, je vais creuser le sujet.

Dry needling

«Clinicians should not use dry needling for the treatment of individuals with PFP».

Difficile d’être plus clair.

Thérapie manuelle isolée

Sans intérêt, qu’elle soit en lombaire ou sur la patella.

Éponges électriques, ultra-sons, cryothérapie, laser

Oubliez.

Éducation du patient 

Que du classique : ne pas avoir peur de bouger, rester actif, perdre du poids si nécessaire.

Je n’ai pas trouvé que les auteurs étaient très branchés «hyper-sensibilité d’origine centrale» pour ce syndrome fémoro-patellaire. La patella, c’est pas dans la tête, donc.

En résumé, les 4 différents syndromes fémoro-patellaires proposés par le JOSPT

La rotule surmenée

Il faut s’en douter en présence de :
  • Eccentric step down test positif et d’une manière générale :
  • Reproduction de la douleur dans les  activités de la vie quotidienne sollicitant le genou en charge
Ca se traite avec : McConnell taping, repos relatif, modification de l’activité

La rotule malhabile

Il faut s’en douter en présence : D’un genou qui s’effondre en valgus majoré à la réception d’un saut
Ca se traite avec : Rien de bien net : rééducation de la marche et du mouvement

La rotule faiblarde

Il faut s’en douter en présence : De contractions isométriques contre résistance manuelle dans les chaussettes pour le quadriceps, les stabilisateurs latéraux et rotateurs latéraux de hanche (HipSit test)
Ca se traite avec : Blood, sweat & tears. De la fonte et un fouet.

La rotule raidasse

Il faut s’en douter en présence :
  • D’un pied qui prone (vu au navicular drop test)
  • D’un patellar tilt test positif
  • Des ischio-jambiers raides < 79,1° en élévation de jambe tendue (vous ne me croyez pas pour le 0,1° ?)
  • Des mollets raides (< 7,4° de flexion de cheville genou tendu)
  • Un signe de Leri positif (< 134° en inclinométrie)
  • Un Ober test positif
  • Une goniométrie en rotation coxo-fémorale perturbée
Ca se traite avec :
  • Des semelles anti-pronation
  • McConnell taping
  • Des étirements musculaires

Références bibliographiques 

Willy R. Hoglund L, Barton C et al. Clinical Practice Guidelines Linked to the International Classification of Functioning, Disability and Health From the Academy of Orthopaedic Physical Therapy of the American Physical Therapy Association. Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy, 2019 Volume:49 Issue:9 Pages:CPG1–CPG95 DOI: 10.2519/jospt.2019.0302

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