Choisir un bon oreiller pour dormir sans douleur


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Il ne se passe pas une semaine sans qu’un patient me demande quel type d’oreiller il faut acheter pour passer des nuits sans cervicalgie. Classiquement, je botte en touche en avançant, selon mon humeur :

  • Que chaque pot a son couvercle, que tout ceci est très individuel, 
  • Que tous les oreillers se valent, 
  • Que le problème n’est pas l’oreiller mais l’absence relative de mouvement lors de la nuit qui laisse le cerveau seul à faire face à tous ces influx nociceptifs sans le recours salvateur du mouvement qui guéri, 
  • Qu’en gros, un oreiller de 10 cm qui respecte la lordose cervicale et empêche que la tête tombe en inclinaison latérale en comprimant les nerfs qui sortent du cou, c’est bien
  • Que si la première des choses qu’on fait quand on hospitalise un malade, c’est de le coucher sur un lit pour qu’il peine le moins possible, cela prouve que les contraintes liées à l’alitement ne sont pas les plus importantes, 

…mais en fait, je n’en sait rien.

Et jusqu’à présent, une revue systématique avait conclu qu’il y avait des preuves insuffisantes pour conseiller tel ou tel oreiller.

Une étude italienne parue dans Physical Therapy s’est interessée à un oreiller magique, le Spring Pillow et l’a comparé à un groupe contrôle qui n’a juste bénéficié que de conseils…

Les auteurs ont évalué l’efficacité de l’utilisation d’un oreiller en polyuréthane viscoélastique doté de 60 ressorts indépendants par rapport à une intervention éducative chez des patients atteints de cervicalgie chronique.

Design 

Étude contrôlée randomisée avec une puissance calculée a priori. Les auteurs ont considéré qu’une diminution de 5 points sur le Neck Disability Index et de 17/100 de réduction de la douleur cervicale correspondaient à une difféernce minimale clinique qui en vaut la peine. Ils ont comparé la proportion de sujets atteignant ce changement minimal clinique acceptable à la fin de la 4° semaine avec celle obtenue à la fin de la 12° semaine, pour savoir si les différences observées étaient liées au hasard ou au hasard et à un effet thérapeutique intrinsèque à l’oreiller magique.

Lieu 

Unité de médecine du travail de l’hôpital universitaire de Bologne (Italie).

Sujets 

64 patients souffrant de cervicalgie chronique ont complété l’étude.

Intervention 

Les sujets ont été répartis au hasard en deux groupes. 

Un groupe a utilisé le Spring Pillow pendant 4 semaines (traitement A), tandis que l’autre groupe a suivi les conseils éducatifs pendant 4 semaines tout en continuant à utiliser ses propres oreillers (traitement B). 

Après ces 4 semaines de traitement et une période neutre de 4 semaines censée annuler les effets des traitements (wash out period), les groupes ont été inversés. 

Indicateurs 

La douleur perçue au niveau du cou, du thorax et des épaules, ainsi que les maux de tête étaient les principales mesures des résultats. 

De plus, l’invalidité, la qualité du sommeil, l’amélioration subjective et le confort de l’oreiller ont été évalués. 

Les mesures ont été saisies avant traitements (T0), après 4 semaines (T1), après la période d’élimination de 4 semaines censée effacer les effets des traitements (T2) et 4 semaines après l’inversion des groupes (T3). 

Les différences moyennes (DM) dans les résultats entre les groupes ont été évaluées.

Résultats 

Le traitement à l’aide du Spring Pillow semblait réduire la douleur au cou (DM = -8,7 IC95 %[-14,7 à -2,6], la douleur thoracique (DM = -8,4 IC à 95 %[-15,2 à -1,5] et les céphalées (DM = -16,0 IC à 95 %[-23,2 à -8,7]). 

Les réductions de la douleur à l’épaule n’étaient pas statistiquement significatives entre les groupes.

Ni la séquence de croisement ni la période (première ou deuxième intervention) n’ont eu d’incidence significative sur les résultats.

Limitations 

L’éducation n’a peut-être pas été le meilleur comparateur pour le Spring Pillow.  La consommation de médicaments, l’utilisation réelle de l’oreiller et la mise en œuvre des suggestions éducatives prescrites n’ont pas été contrôlées.

Conclusion 

L’utilisation du Spring Pillow dans cette étude s’est avérée plus efficace qu’une intervention éducative pour améliorer la douleur cervicale, thoracique et les céphalées. 

Reste à savoir si un oreiller à ressorts est plus efficace que d’autres oreillers ergonomiques : comme on dit en italien, avec les mains, « Ma, uno Spring Pillow non fato le printemps ».

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Références bibliographiques 

m_coverVanti C, Banchelli F, Marino C, Puccetti A, Guccione AA, Pillastrini P. Effectiveness of a « Spring Pillow » Versus Education in Chronic Nonspecific Neck Pain: A Randomized, Controlled Trial. Phys Ther. 2019 Apr 2. pii: pzz056. doi: 10.1093/ptj/pzz056. Article en pré-publication.

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