Techniques de levée de sidération du quadriceps
Une atteinte intra-articulaire du genou entraîne la mise au repos du quadriceps, sa sidération. Celle-ci se retrouve chez la majorité des patients après entorses ou ligamentoplasties du croisé antérieur, voire après douleur antérieure du genou [Hart 2010].
Elle peut être provoquée expérimentalement chez des sujets sains à la fois par une injection de 60 ml de sérum physiologique comme par celle de 0,3 ml d’eau salée hypertonique [Palmieri-Smith 2013].
Sollicitation bi-manuelle en chaîne parallèle
Procédure
Le sujet est en décubitus, les deux membres inférieurs étendus. Le thérapeute glisse une main sous le creux poplité. Le patient écrase la main du thérapeute et tente de décoller le talon de la table. Le thérapeute peut vérifier la contraction musculaire par la palpation ou bien par le rehaussement de la patella. On peut associer à cet exercice une résistance au bord supérieur de la patella qui a l’avantage de permettre la palpation musculaire et également de permettre au sujet de « visualiser » le geste à réaliser.
À noter qu’un quadriceps non sidéré doit être capable de mobiliser l’os sésamoïde patellaire dans une position d’extension complète. La capacité de tenir son segment jambier contre la pesanteur avec quelques degrés de flexion du genou ne préjuge pas d’un quadriceps non sidéré puisque le tenseur du fascia lata peut participer.
Apprentissage de la mobilisation active patellaire
Procédure
Patient en décubitus, thérapeute latéral à lui. Mobiliser passivement la patella latéralement ou en crânio-caudal en demandant au patient de bloquer le mouvement. Débuter par le côté sain. Si le patient n’y arrive pas, lui ordonner de s’entraîner régulièrement, quelques minutes toutes les heures. L’informer qu’il doit être capable d’y arriver à la prochaine séance. Vérifier lors de celle-ci.
La traction cutanée du quadriceps
Procédure
Comme pour le Kabat, tracter la peau en regard du muscle dans le sens des fibres, en crânio-caudal ou caudo-crânial, selon la réponse du sujet.
L’écrase-coussin
Procédure
Patient en décubitus couché sur un plan ferme, un tensiomètre préalablement gonflé à 20 mmHg glissé sous le creux poplité. Il est invité à étendre le genou aux 2/3 de la force maximale du muscle, puis 1/3 de cette force, à raison de 3 fois 5 secondes.
Validité
La faisabilité de cette technique a été démontrée en post-opératoire immédiat après pose d’une PTG. Elle est sans problème pratique, mais elle montre une grande variabilité des mesures [Horstmann 2017].
Variante manuelle
Variante pour kiné incapable de se séparer de sa tablette, même pendant le boulot
Chaîne d’allongement
Procédure
Le sujet est en décubitus. Les membres inférieurs sont étendus. Le thérapeute place une main sous le calcanéus droit à sa partie postérieure. Le patient « allonge » le membre inférieur droit en repoussant le talon vers le bas.
La main du thérapeute placée sous le calcanéus peut exercer soit une résistance soit une simple sollicitation. Cette chaîne d’allongement correspond à la fin de la chaîne de triple extension. Le sujet tente d’allonger le membre inférieur et pour obtenir la plus grande longueur, il verrouille le genou en extension.
Variante
Pour renforcer la sollicitation à l’extension du genou, une main peut être placée sous le creux poplité. Le patient doit alors « écraser » le genou sur la table en même temps qu’il « étire » le membre inférieur.
Exemples d’exercices
Impossible d’être exhaustif sur le sujet….
Et si vous alliez faire un tour sur PTX ?
Diagonale D’C’ en pivot genou
Procédure
Patient en décubitus, membre inférieur en débord de table, kinésithérapeute latéral à lui. La cuisse du patient est maintenue en brassée en flexion et abduction. Le genou est fléchi au départ, la main distale est en sollicitation du bord médial et supérieur de M1, afin de stimuler le tibial antérieur. Le mouvement se termine en extension de genou, adduction de pied et flexion de cheville. Seule la rotation latérale est permise à la coxo-fémorale.
Variante
Le patient en décubitus bout de table jambe contrôlatérale fléchie, pied posé sur la table. Le kinésithérapeute accroupi stabilise de son avant-bras la cuisse en n’autorisant que les rotations. La main distale est situé de façon identique à la position précédente, sur M1 face dorsale.
Diagonale B’A’ en pivot genou
Procédure
Patient en décubitus, kinésithérapeute latéral à lui. La cuisse du patient est maintenue entre thorax et avant-bras du kinésithérapeute. La jambe est fléchie, le pied amené en inversion par un appui sur la face dorsale de M5, ciblant l’extenseur des orteils.
On demande au patient une extension du genou, en éversion. Seule la rotation médiale coxo-fémorale est permise lors du mouvement.
Variante
Le patient en décubitus bout de table jambe contrôlatérale fléchie, pied posé sur la table. Le kinésithérapeute accroupi stabilise de son avant-bras la cuisse en n’autorisant que les rotations. La main distale est situé de façon identique à la position précédente, sur M5 face dorsale.
Exercice en décubitus ventral
Procédure
Le sujet est en décubitus ventral en position du sphinx, c’est-à-dire en appui sur les avant-bras. Le thorax est décollé de la table. Les pieds sont en flexion dorsale. Les orteils sont au contact de la table par leur face plantaire. L’exercice consiste à soulever le bassin en prenant appui sur les avant-bras et les genoux, puis à tendre les genoux.
L’élévation du poids du thorax et du bassin, en appui entre les coudes et les genoux, provoque la résistance à l’extension du genou. En fin d’exercice, le sujet n’est plus en appui qu’entre les avant-bras et les pointes de pied. L’angle d’extension du genou balayé au cours de l’exercice est faible. Il n’intéresse que la course interne de l’appareil extenseur. Des charges additionnelles appliquées sur le bassin renforcent la difficulté de l’exercice. Il est à noter que cet exercice fait intervenir la chaîne antérieure et que les fléchisseurs de la hanche participent également au maintien de la posture.
Travail du quadriceps en flexion à 90° à l’élingue
Procédure
Le patient est assis en bord de table. Muni d’une chevillière, il tourne le dos au point d’accrochage d’une élingue pour le travail du quadriceps, lui fait face pour le travail des ischio-jambiers. Il réalise un travail d’extension ou de flexion à partir d’une position de flexion à 90°. Un peson de chasse placé en série permet de quantifier la force de traction des groupes musculaires.
Le shoot sans espoir
C’est un travail de la chaîne antérieure en position debout unipodal.
Le sujet est debout en appui unipodal gauche dans une cage de pouliethérapie. Une élingue est attachée à une chevillière posée sur le pied droit. Elle est reliée par à un poids pendant à hauteur du pied droit du patient. La visée du poids en extension entraine son élévation.
Assis sans chaise
Objectifs
C’est un travail en endurance des quadriceps.
Procédure
Le dos du sujet est appuyé contre un mur. Le sujet est en flexion à 90° de hanche et de genou. L’exercice consiste à maintenir cette position dite « assis sans chaise ». Il s’agit d’un travail statique de l’appareil extenseur du genou. La ligne de gravité passe en arrière des pieds et des genoux. Si elle est située également en arrière de la coxo-fémorale, le travail est uniquement centré sur l’appareil extenseur du genou; il n’est en effet pas nécessaire de stabiliser la hanche par les extenseurs. L’interposition d’un ballon entre le rachis et le mur augmente l’instabilité donc la difficulté. La quantification de l’endurance peut être réalisée à l’aide d’un chronomètre.
Pour favoriser l’auto-prise en charge et l’émulation, il est recommandé au patient d’effectuer cet exercice quotidiennement, au moins une fois, en relevant les valeurs obtenues.
Variante en charge réduite en station assise
Le sujet est assis en bord de table. Les cuisses sont sur la table, les pieds sont passés sous un barreau d’espalier. L’exercice consiste à soulever le poids du corps en prenant appui par les creux poplités sur la table et par la face dorsale des pieds sous le barreau de l’espalier. Le travail bilatéral facilite la réalisation de l’exercice. Il permet la répartition de la charge sur les deux membres inférieurs. Toutefois ce même exercice peut être réalisé sur un seul membre inférieur.
Variante à genoux
Le sujet est assis les fesses sur les talons. Le tronc est vertical. L’exercice consiste à passer dans la position à genoux dressés. Le tronc reste à la verticale. Cet exercice permet de faire travailler avec charge réduite les chefs mono-articulaires du quadriceps dans une position de course externe.
Sollicitations du quadriceps en charge
Procédure
Le patient tourne le dos à la cage de pouliethérapie, un élastique liant sa cheville à la cage. Il est invité à mettre en tension l’élastique ce qui se traduit par un travail quasi-statique bilatéral des quadriceps, dans des courses différentes. Le mouvement est permis par la flexion dynamique concentrique de la hanche oscillante.
Validité
Ce type d’exercice permet une activité électromyographique supérieure aux exercices à l’aide d’un step sans les inconvénients de la mise en charge [Kaminski 1998].
Marcher
La marche est une activité antalgique pour les gonalgies [Fernandes 2013]. Elle améliore stabilité & fonction neuro-musculaire, diminue la kinésiophobie [Loew 2012].
Procédure
Inviter le patient à réaliser une marche quotidienne, autour de son domicile pour pouvoir prévenir des retours anticipés, ou avec un but (aller chercher le journal, le pain).
Lui confier ou recommander un podomètre permettant de quantifier le nombre de pas quotidiens.
Posologie
Bien avertir le patient que la marche doit être entreprise pour des périodes de 2 à 6 mois.
Validité
Pour des patients souffrant d’une gonalgie légère à modérée, non obèses, l’amélioration de la fonction cardio-vasculaire nécessite 30 minutes de marche 3 à 4 fois par semaine [Loew 2012]. Il est nécessaire de les stimuler régulièrement pour vérifier la bonne observation du programme [Loew 2012].
Travail de l’extension du genou en synergie avec les fléchisseurs
Patient debout en chevalier-servant, pied droit en avant. Le kinésithérapeute fait face au patient ; une sangle est passée en arrière du creux poplité droit et tractée vers le ventral. Le patient est invité à résister à la traction. Ischio-jambiers et gastrocnémiens tractent respectivement tibia et fémur.
Références bibliographiques concernant l’abord actif du genou
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Dufour M. Anatomie de l’appareil locomoteur. Tome 1 Membre inférieur 3° édition. Elsevier Masson 2015
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Kaminski T et al. Concentric Versus Enhanced Eccentric Hamstring Strength Training: Clinical Implications. J Athl Train. 1998 Jul–Sep; 33(3): 216–221.
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