
Il va être temps de faire un petit digest de toutes ces études paraissant sur le sujet en ce moment. La dernière en date provient du Kremlin.
Bicêtre.
Élastographie des spinaux du sujet sain
Les spinaux agissent comme un matériau composite jouant un rôle essentiel dans la stabilisation de la colonne vertébrale. Ces propriétés dépendent de la posture du sujet et peuvent être radicalement lors d’une lombalgie.
L’élastographie sous échographie est désormais à même de définir des estimations de cette rigidité (élastogrammes), qui caractérisent les propriétés élastiques du tissu sondé.
Cette étude a analysé la rigidité posturale des muscles paraspinaux sains.
La raideur des longissimus, iliocostalis, multifidus a été mesurée au niveau lombo-sacré (L3 et S1) lors de six postures statiques.
Les 16 sujets en bonne santé ont été mesurés à trois reprises au repos, en flexion passive, en extension passive, debout, penché en avant, en arrière.
Des tests appariés non paramétriques, des analyses multiples de covariance et des corrélations intra-classes ont été utilisés.
Fiabilité
L’élastographie par ondes de cisaillement a montré une fiabilité bonne à excellente, sauf dans le multifidus en S1, en flexion en avant, et dans le multifidus en L3, en flexion en arrière.
Pas toujours donc, …
Résultats
Des modifications intra et inter musculaires importantes ont été observées selon la posture.
La rigidité a considérablement augmenté en station verticale et en flexion antérieure par rapport aux valeurs de référence enregistrées dans les postures passives.
Les spinaux sont plus raides en position debout et en flexion de part leur activité. On s’en serait doutés.
Références bibliographiques
Creze M, Bedretdinova D, Soubeyrand M, Rocher L, Gennisson JL, Gagey O, Maître X, Bellin MF. Posture-related stiffness mapping of paraspinal muscles. J Anat. 2019 Mar 22. doi: 10.1111/joa.12978. Article en pré-publication.
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Différence entre spinaux profonds et superficiels
Les spinaux superficiels et les spinaux profonds lombaires n’ont pas la même fonction. Les premiers sont des muscles phasiques, qui contrôlent la lordose lombaire comme la corde d’un arc, les seconds des muscles toniques, qui ajustent les segments vertébraux en prévision du mouvement réalisé par les premiers.
S’il faut les étirer, comment le faire précisément ?
La présente étude visait à clarifier les effets de la position du tronc sur la raideur musculaire à l’aide de l’élastographie par ondes de cisaillement à l’échographie.
Méthodes
L’étude s’est faite sur dix sujets masculins en bonne santé, sur leurs spinaux superficiels lombaires gauches (la sonde est placée 7 cm latéralement à L3), dans les positions suivantes :
- Procubitus
- Accroupi en flexion, hanches et genoux fléchis au maximum
- Dans la même position avec inclinaison latérale D
- Dans la même position avec rotation D
Sur leurs multifides lombaires gauches (la sonde est placée 2 cm latéralement à L4), dans les positions suivantes :
- Procubitus
- Accroupi en flexion, hanches et genoux fléchis au maximum
- Dans la même position avec inclinaison latérale D
- Dans la même position avec rotation G
Résultats
Les spinaux superficiels G sont plus étirés en flexion et inclinaison latérale D qu’en procubitus ou en flexion et rotation D. Il n’y a pas de différence entre l’étirement en flexion + inclinaison latérale et l’étirement en flexion + rotation.
Le multifide G présente une même tension en flexion, flexion et inclinaison latérale D, flexion et rotation G. Il est significativement moins raide en procubitus.
Conclusions
Les résultats de la présente étude suggèrent que :
Les spinaux superficiels sont plus efficacement étirés en flexion et inclinaison latérale controlatérale du tronc.
Le multifide lombaire est efficacement étiré en position de flexion du tronc. Il ne semble pas affecté par l’ajout d’une flexion latérale controlatérale du tronc ou d’une rotation ipsilatérale à la flexion.
Commentaire
Les auteurs n’ont pas testé le cumul en flexion de l’inclinaison latérale ET de la rotation, controlatérale pour les spinaux superficiels, homolatérale pour les profonds. Le résultat aurait été différent ?
L’élastographie musculaire, en anglais des pays de Loire
Références bibliographiques
Masaki M, Ji X, Yamauchi T, Tateuchi H, Ichihashi N. Effects of the trunk position on muscle stiffness that reflects elongation of the lumbar erector spinae and multifidus muscles: an ultrasonic shear wave elastography study. Eur J Appl Physiol. 2019 Feb 12. doi: 10.1007/s00421-019-04098-6. Article sous presse
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Raideurs différentielles entre multifide et spinaux superficiels lombaires
La lombalgie est communément associée à une augmentation de la raideur des spinaux, identifiée traditionnellement par palpation manuelle et récemment par élastographie par déformation.
L’élastographie par résonance magnétique (MRE) a permis de caractériser la rigidité du muscle de manière non invasive in vivo, en fournissant des cartes de rigidité 3D quantitatives (élastogrammes).
Le but de cette étude était de caractériser la rigidité (module de cisaillement) des spinaux (multifide et spinaux superficiels) en l’utilisant.
Elle a été réalisée sur la région lombaire de sept adultes en décubitus, dans trois conditions :
– Membres inférieurs allongés, sujet relâché
– Membres inférieurs en crochet, genoux posés sur un gros coussin
– Membres inférieurs allongés, sujet en contraction lombo-fessière
La moyenne du module de cisaillement a été recueillie au niveau du multifide, des spinaux superficiels et de l’ensemble du compartiment paraspinal.
La différence inter-musculaire et les effets de l’étirement et de la contraction ont été évalués par ANOVA et t-tests.
Au repos, la moyenne du module de cisaillement du compartiment paraspinal était de 1,6 ± 0,2 kPa.
Il a augmenté de manière significative lors de l’étirement à 1,65 ± 0,3 kPa et lors de la contraction à 2,0 ± 0,7 kPa.
Indépendamment de la condition, les spinaux superficiels était significativement plus rigides que le multifide.
Le multifide a subi proportionnellement des changements de rigidité plus élevés du repos à la contraction et à l’étirement.
Les auteurs émettent l’hypothèse que, quelle que soit la posture, les spinaux superficiels se comportent comme un faisceau semi-rigide et assurent une rigidité permanente de la colonne vertébrale.
Le multifide se comporte comme un muscle adaptatif qui permet la flexibilité segmentaire du rachis et régule sa rigidité.
Commentaires
La vue cadavérique montre bien la différence entre un corps charnu et une nappe aponévrotique en lombo-sacré. Cela suffit a expliquer les différences de comportement des tissus analysés ?
Des spinaux superficiels poly-articulaires responsables des mouvements phasiques globaux, un multifide responsable de l’ajustement segmentaire tonique ?
Un multifide sidéré dans la lombalgie et des spinaux superficiels incapables d’assurer un rôle d’ajustement segmentaire ?
Référence bibliographique
Creze M, Soubeyrand M, Yue JL, Gagey O, Maître X, Bellin MF. Magnetic resonance elastography of the lumbar back muscles: A preliminary study. Clin Anat. 2018 May;31(4):514-520. doi: 10.1002/ca.23065.
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La raideur des spinaux du lombalgique
Cette raideur musculaire n’a pas été clairement élucidée car l’évaluation quantitative de la rigidité individuelle des muscles était autrefois difficile à réaliser.
Cette étude a cherché à examiner l’association de la lombalgie avec la rigidité musculaire évaluée à l’aide de l’élastographie ultrasonore, de la section des muscles lombaires et de la forme de la colonne vertébrale chez des sujets actifs jeunes et d’âge moyen.
Méthodes :
L’étude comprenait 23 sujets asymptomatiques [groupe de contrôle (CTR)] et 9 sujets lombalgiques (groupe LBP).
La raideur musculaire et la masse des spinaux superficiels, du multifide et du carré des lombes ont été mesurées à l’échographie.
La forme de la colonne vertébrale dans les positions debout et en flexion a été mesuré à l’aide d’un Spinal Mouse ®.
L’association avec la lombalgie a été étudiée par une analyse multivariée (simultanée sur plusieurs variables). Ces variables, considérées comme indépendantes étaient le module élastique de cisaillement, l’épaisseur musculaire des muscles lombaires, l’alignement de la colonne vertébrale, l’âge, la taille, le poids corporel et le sexe.
Résultats :
L’analyse de régression logistique multiple a montré que la raideur du multifide et la taille était des déterminants importants de la lombalgie, la section et la forme du rachis ne l’étant pas.
La raideur du muscle multifide lombaire est significativement plus élevée dans le groupe lombalgique que dans le groupe témoin.
Interprétation :
Les résultats de cette étude suggèrent que la lombalgie soit associée à une raideur accrue du multifide chez les sujets actifs jeunes et d’âge moyen.
Commentaire
Eh m….! depuis des mois, on nous parle de sidération, et voilà t’y pas qu’une étude prétend le contraire !
Simone ! Passes moi mon masque et mon tuba que je m’y plonge.
Références bibliographiques :
Masaki M, Aoyama T, Murakami T, Yanase K, Ji X, Tateuchi H, Ichihashi N. Association of low back pain with muscle stiffness and muscle mass of the lumbar back muscles, and sagittal spinal alignment in young and middle-aged medical workers. Clin Biomech (Bristol, Avon). 2017 Sep 14;49:128-133. doi: 10.1016/j.clinbiomech.2017.09.008. Article en pré-publication.