
Il a été démontré que la traction coxo-fémorale selon l’axe diaphysaire réduisait la douleur et améliorait la fonction physique d’une coxarthrose. L’intensité optimale de la force de mobilisation nécessaire pour réduire la douleur et améliorer la fonction physique est inconnue.
Objectif
Comparer les effets sur la douleur et les déficits de trois intensités différentes de traction coxo-fémorale chez des patients souffrant d’arthrose de la hanche.
Conception
Étude contrôlée randomisée.
Méthodes
Soixante patients atteints de coxarthrose unilatérale ont été randomisés en trois groupes de traction (groupe de mobilisation à force faible, moyenne ou élevée).
Les participants ont bénéficié de trois séances de traitement.
Indicateurs
Seuil de douleur à la pression à la hanche, au genou et au talon, sous-échelle concernant la fonction physique du questionnaire Western Ontario and McMaster Universities, Timed up & go, 40 m Self-placed walk test, EVA, avant et après intervention.
Procédure
La traction a été réalisée avec le patient en décubitus, la hanche en position de moindre contrainte (30 ° de flexion, 30 ° d’abduction et une légère rotation latérale). Cette position était maintenue par un coussin.
L’intensité des forces des différents groupes de traitement a été appliquée en fonction des degrés de mobilisation articulaire selon Kaltenborn.
- Dans le groupe de mobilisation à faible intensité, le praticien ne devait pas ressentir une résistance marquée. Il s’agissait de pompages doux de l’articulation, appliqués durant 10 minutes.
- L’appréciation d’une résistance marquée (sensation de premier arrêt) correspondait aux forces appliquées dans le groupe de mobilisation à intensité moyenne. Il s’agissait de tractions de 45 secondes avec 15 secondes de repos, durant 10 minutes au total.
- Une force qui dépasse ce premier arrêt, étirant les tissus mous entourant l’articulation, est appliquée dans le groupe de mobilisation à intensité élevée. Il s’agissait de tractions de 30 secondes avec 15 secondes de repos, durant 10 minutes au total.
Un brassard de distraction articulaire et une ceinture de mobilisation sont utilisés, ce qui permet d’interposer un dynamomètre pour quantifier les tensions.
Intensité | Force moyenne ± écart-type |
Faible | 26,4 ± 6,8 N |
Moyenne | 50,7 ± 7,8 N |
Élevée | 68,6 ± 2,9 N |
Résultats
Les trois groupes de traitement ont montré une amélioration significative de la douleur et de la fonction physique (p <0,05).
Le groupe à faible intensité présentait les effets les plus importants en termes de douleur (d = 2,0) et d’augmentation moyenne en pourcentage des seuils de douleur à la pression (hanche = 30,3%, genou = 34,6%, talon = 25,6%).
Le groupe à forte intensité présentait les effets les plus importants pour l’amélioration de la fonction physique (d = 0,5-0,7).
Conclusion
Si on est gentil il aura moins mal, si on l’est moins il fera plus d’activités avec sa hanche. Encore des conclusions facilement appliquables…
Commentaires
On peut tirer plus fort, mais est-ce nécessaire ? Peut être que mes techniques sont un peu trop à usage vétérinaire…
J’ai mesuré des tractions de l’ordre de 25 kg en interposant un peson de chasse entre ma ceinture et la chevillière (surtout, ne pas essayer avec des bretelles). Cela correspond au début de glissement du patient sur la table, et cela correspondrait à la force nécessaire pour une luxation de tête fémorale lorsqu’elle est appliquée par un chirurgien sur un patient anesthésié [référence ?].
La position de moindre contrainte ne correspond pas à une position dans laquelle on peut tracter en bloquant le glissement de l’autre membre inférieur, en adduction et plutôt rotation médiale. La encore, elle permet peut être un plus grand déplacement intra-articulaire. Simplement…
Références bibliographiques
Estébanez-de-Miguel E, Jimenez-Del-Barrio S, Fortún-Agud M, Bueno-Gracia E, Caudevilla-Polo S, Malo-Urriés M, Ceballos-Laita L. Comparison of high, medium and low mobilization forces for reducing pain and improving physical function in patients with hip osteoarthritis: Secondary analysis of a randomized controlled trial. Musculoskelet Sci Pract. 2019 Mar 21;41:43-48. doi: 10.1016/j.msksp.2019.03.007. Article sous presse