Elles sont plutôt à utiliser en présence :
- De douleurs en extension lombaire soulagées par la flexion,
- De limitations non douloureuses de la flexion lombaire susceptibles de limiter les amplitudes de segments distants.
Utilisation du contracté-relâché
Historiquement, elles ont longtemps servi à contourner l’interdiction de pratiquer les manipulations vertébrales, le temps manipulatif étant remplacé par l’ouverture en contracté-relâché.
Comme pour la région cervicale, les techniques de contracté-relâché ou apparentées sont largement répandues, font consensus auprès des professionnels [45], mais sont encore aujourd’hui sans efficacité démontrée par la littérature anglo-saxonne [38], qui réduit à l’analyse de quelques manoeuvres des concepts globalistes [76, 87, 51] dont l’apprentissage est exigeant et complexe.
Manipulation vertébrale lombaire
Elle fait partie des techniques les plus étudiées, ce qui ne sous-entend pas que seul ce type de mobilisation passive manuelle de grande vitesse et de petite amplitude présente les qualités décrites ci-dessous.
Indications & effets thérapeutiques
La manipulation vertébrale peut être utilisée pour réduire les douleurs et les déficits des lombalgiques présentant des limitations de mobilité. Cela concerne les lombalgies aiguës ou en rapport avec des douleurs irradiant à la cuisse ou à la fesse. Comme la mobilisation passive, elle peut aussi être utilisée pour améliorer les amplitudes rachidiennes. Cette amélioration réduit les douleurs et déficits des patients souffrant de lombalgie aiguë, sub-aiguë et chronique comme des lombalgies avec douleurs référées dans le membre inférieur. Cette efficacité peut aujourd’hui s’appuyer sur de fortes preuves [45], même si elle reste comparable a celle d’autres thérapies physiques [97]. Elle peut être plus efficace qu’une thérapie par exercices si elle s’appuie sur des règles prédictives cliniques [17].
Modes d’action
Difficiles à évaluer objectivement, ils faisaient traditionnellement appel à des concepts biomécaniques et sont aujourd’hui progressivement abandonnés au profit d’implications centrales et comportementales.
Globalement, toutes les manipulations vertébrales lombaires utilisent les secteurs de flexion, inclinaison latérale et rotation controlatérale, ce qui réalise un étirement brusque du multifide et d’autres muscles comme les spinaux superficiels [72].
Comme d’autres thérapies manuelles, elle exerce des contraintes régionales physiques qui induisent des réponses à distance au niveau de la moelle épinière et du cerveau pouvant aller dans le sens d’une inhibition ou d’une facilitation descendantes en fonction de l’interprétation ou non d’un danger par les centres supérieurs [44].
Effets sur la mobilité articulaire segmentaire
L’impression, partagée par le praticien et le patient, d’un défaut de mobilité segmentaire, d’un bassin «déplacé» ne peut pas actuellement être validée : la mise en évidence de l’amélioration de mobilité après traitement est liée à l’évaluation objective de la mobilité. Or, la fiabilité de celle-ci est moyenne et sa validité est discutée [68].
L’objectivation instrumentale de la raideur lombaire fait au mieux apparaitre une amélioration transitoire [40, 107], mais il n’y a pas à l’heure actuelle de corrélation entre la raideur rachidienne et les suites d’un traitement manipulatif [100, 36].
Levée de contractures musculaires
Il n’est pas possible de mettre en évidence des contractures ou hypertonies localisées à l’électromyographie (EµG) de surface. Rien n’indique que leur évaluation soit reproductible entre praticiens ni que l’amélioration des symptômes soit liée à leur résolution [69].
Cependant, des comportements protecteurs (persistance de contraction para-spinale lors de la flexion lombaire, stratégie de recrutement précoce des spinaux lors du retour en extension) ont été depuis longtemps mis en évidence chez le lombalgique. Leur résolution pourrait accompagner les thérapies physiques, dont la manipulation vertébrale.
Levée de sidérations musculaires
Un modèle animal montre que la manipulation vertébrale lombaire induit une augmentation de l’activité des fuseaux neuro-musculaires sur l’étage sollicité et, de façon moindre, sur les segments adjacents, alors qu’une fixation vertébrale instrumentale la supprime [93, 94].
Usuellement, les techniques réalisent un étirement brusque du multifide, qu’il soit homolatéral au kinésithérapeute lors d’une technique Chicago ou supralatéral lors d’un rouleau lombaire. La présence d’un multifide sidéré dans une lombalgie unilatérale a été retrouvée lors d’échographies réalisées par les physiothérapeutes. Cette sidération est, pour certains auteurs, homolatérale au côté douloureux. Ce fait est remis en question par d’autres (la mesure des sections musculaires sous IRM comme sous échographie est perfectible), mais la manipulation vertébrale semble avoir la capacité de lever la sidération de muscles para-vertébraux et d’améliorer leur contractilité.
À l’échographie, les patients qui répondent positivement au traitement manipulatif bénéficient d’un plus grand recrutement des multifides [40].
Effets biologiques
A l’image de la mobilisation passive ou des techniques d’auto-mobilisation en extension lombaire, la manipulation vertébrale peut améliorer la diffusion aqueuse au sein du dernier disque lombaire, cette modification pouvant être contemporaine de l’amélioration des symptômes [8, 107]. L’amélioration n’est pas, comme la mobilisation passive postéro-antérieure, tributaire d’une intervention précoce.
Antalgie locale et à distance
La plupart des études objectivant des effets positifs lors de la manipulation vertébrale lombaire utilisent un geste manipulatif en ouverture brusque du côté douloureux, avec une rotation homolatérale. Une élévation du seuil de douleur à la pression est retrouvée [105].
A côté de cet effet antalgique local par saturation des messages provenant des capteurs auprès de la corne postérieure de moelle, plusieurs études font état d’une capacité antalgique à distance de la manipulation vertébrale [26, 31].
Ainsi, un thrust lombaire permet d’élever le seuil douloureux de la région lombaire mais aussi de la plante du pied de sujets sains ou lombalgiques, de façon plus intense que lors d’exercices actifs [9].
Effets sonores