La dégénerescence graisseuse du multifide, indicateur d’une prise en charge précoce en kinésithérapie


Sans titre
Pour cette jeune patiente, encore de l’espoir ?

Autrefois, les praticiens considéraient que les muscles d’un lombalgique étaient contracturés, les techniques manipulatives ou de thérapie manuelle au sens large devant  supprimer ces contractures. D’ailleurs la preuve, les patients allaient mieux souvent après du contracté-relâché ou un bon gros thrust en rouleau lombaire.

Et puis, à force  de ne pas trouver de preuves électromyographiques de ces contractures dites « de repos », les chercheurs se sont tournés vers d’autres pistes.

La présence d’une sidération des muscles profonds, leur incapacité à se contracter, la réversibilité de cette sidération par manipulation vertébrale chez des patients répondant bien à cette technique ont été observés puis confirmés par de nombreuses études.

Plus préoccupant, l’IRM a permis de mettre en évidence des infiltrations graisseuses dans ces muscles profonds, comme l’avait fait Goutallier pour le supra-épineux il y a bien longtemps. Les fibres musculaires disparaissent et sont remplacées par de la graisse.

Les pistes se précisent de mois en mois sur les liens entre l’altération des muscles profonds et les rachialgies.

Elles militent en faveur d’une prise en charge la plus précoce possible en kinésithérapie : la dégénérescence graisseuse est rapide et non réversible…

Deux études venant d’être publiées :

Prédire la réussite du traitement actif 

Cette étude [Hebert 2018] a étudié la validité conceptuelle de facteurs pronostiques censés prédire le succès clinique d’un traitement à base d’exercices actifs pour la lombalgie en explorant leur association avec la composition du muscle multifide.

Méthodes 

Les patients souffrant de lombalgie ont été recrutés dans un service d’imagerie médicale hospitalier. 

Parmi eux, ceux susceptibles de bénéficier d’exercices actifs ont été repérés à l’aide de 

4 facteurs :

  1. Des patients âgés de moins de 40 ans
  2. Une amplitude à l’élévation du membre inférieur jambe tendue au delà de 90°, 
  3. Des mouvements lombaires aberrants dans le plan sagittal 
  4. Un test d’instabilité vertébrale en procubitus (prone instability test) positif

Compte tenu du fait qu’un patient traité (8 semaines ciblant les multifides, érecteurs, transverse de l’abdomen, obliques de l’abdomen) est amélioré dans 1 cas sur 2, le respect des règles de prédiction clinique augmente de 50 à 80% les chances de réussite. Les patients répondant convenablement au traitement apparaissent être des sujets jeunes aux ischio-jambiers souples, plutôt hypermobiles, et dont les muscles spinaux apparaissent déconditionnés [George 2012]. 

Résultats 

Les données recueillies auprès de 62 patients (11 femmes) de 45,2 (11,8) ans de moyenne d’âge ont été incluses. Ils montrent que des taux plus faibles de dégénérescence graisseuse du multifide lombaire sont associés aux facteurs prédictifs de succès clinique des exercices actifs. Des proportions plus élevées d’infiltration graisseuse peuvent aider à identifier les patients nécessitant un entraînement de longue durée ou ceux qui ont peu de chances de réagir à une prise en charge active.

Commentaire 

Note établie à partir du seul résumé. Si vous avez accès au texte intégral, merci de me faire part de toute inexactitude ou renseignement complémentaire. 

Prédire la reprise du sport

Une étude de cohorte rétrospective [Winslow 2019] a évalué la valeur prédictive de l’infiltrat graisseux des muscles multifides lombaires pour le retour à l’activité sportive chez de jeunes athlètes souffrant de lombalgie en extension.

Elle fait suite à une première étude du même auteur sur le sujet

Lieu 

Service de médecine sportive en milieu hospitalier.

Patients 

Soixante-deux athlètes, dont 61,3% de femmes, de 14,8 ans de moyenne d’âge, souffrant de lombalgie en extension et ayant bénéficié d’une IRM. 46,8% des examens ont révélé une fracture ou des signes de stress articulaires postérieurs et 53,2% étaient négatifs.

Intervention 

Un radiologiste a examiné l’IRM de tous les sujets et a noté le degré d’infiltrat graisseux du multifide lombaire, à l’aide de la classification de Goutallier, aux niveaux L4 / L5 et L5 / S1.

Classification de Goutallier
Cot. Caractéristiques
0 Muscle normal
1 Muscle présentant des traces de graisse
2 Présence d’infiltrations graisseuses, mais il y a plus de muscle que de graisse
3 Autant de muscle que de graisse
4 Plus de graisse que de muscle

Résultat 

Lorsque le niveau d’infiltrat graisseux atteignait 2 ou 3 en cotation Goutallier, la probabilité prédite de reprise du sport diminuait de manière significative.

Références bibliographiques 

Hebert JJ, Le Cara EC, Koppenhaver SL, Hoffman MD, Marcus RL, Dempsey AR, Albert WJ. Predictors of clinical success with stabilization exercise are associated with lower levels of lumbar multifidus intramuscular adipose tissue in patients with low back pain. Disabil Rehabil. 2018 Dec 3:1-7. doi: 10.1080/09638288.2018.1506510. Article sous presse

(article en accès libre) 

Winslow J, Getzin A, Greenberger H, Silbert W. Fatty Infiltrate of the Lumbar Multifidus Muscles Predicts Return to Play in Young Athletes With Extension-Based Low Back Pain. Clin J Sport Med. 2019 Jan;29(1):37-42. doi: 10.1097/JSM.0000000000000483.

Articles en rapport avec le sujet

George SZ et al. Low Back Pain. J Orthop Sports Phys Ther. 2012;42(4):A1-A57

Sur le sujet, une mise au point parue en 2012

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