Généralités
La lombalgie peut être considérée comme une épidémie, avec récurrence fréquente des troubles, touchant sur 20 ans, 70 à 80% de la population [37].
Douleurs, raideurs et instabilités sont présentes à des degrés divers dans chaque lombalgie, ce qui rend arbitraire toute séparation franche de ces symptômes en une entité particulière.
Définitions
La lombalgie
Comme pour la cervicalgie, la définition est topographique, à défaut d’être étiologique : une douleur située à la face postérieure du tronc, entre T12 et L5, pouvant déborder sur la région sacrée.
Caractère aigu ou chronique de la lombalgie
Comme pour les cervicalgies, il dépend du temps et non de l’intensité de la douleur : la lombalgie est aiguë lorsque les symptômes durent moins de trois mois, chronique dans le cas contraire ou lors de récidives.
La sciatique
Conséquence douloureuse de la sensibilisation d’un nerf spinal ou de ses racines, la sciatique ou les autres névralgies régionales sont des douleurs à point de départ radiculaire. Une compression n’est pas systématiquement retrouvée.
Rappels anatomo-pathologiques
Pour qu’une structure anatomique puisse être responsable de lombalgie :
1°- Elle doit être innervée
2°- Une douleur similaire doit pouvoir être déclenchée expérimentalement chez le sujet sain
3°- Des pathologies ou lésions réputées douloureuses y ont été observées [9].
Le corps vertébral
Spongieux, il résiste aux charges longitudinales grâce à ses travées osseuses mieux que ne le ferait un os compact. Sa forme de diabolo, à l’image des silents-blocs d’un moteur d’automobile, dissipe les contraintes verticales et amortit les vibrations. Ses travées se raréfient avec l’âge, se fissurent ou se fracturent lors des traumatismes.
Implications potentielles dans la lombalgie
Les corps vertébraux sont innervés, vascularisés, leur périoste est sensible à la douleur puisque les ponctions, les fractures sont douloureuses.
Les processus articulaires postérieurs
Butées destinées à lutter contre les glissements antérieurs de la vertèbre en région lombaire basse, à guider les rotations à partir de la région thoraco-lombaire, les processus articulaires postérieurs (PAP) comportent des capsules riches en capteurs proprioceptifs limitant à la fois la flexion et la séparation des surfaces articulaires.
Rôle lors de la compression
Les articulations postérieures ne subissent pas de contraintes en compression si le disque inter-vertébral est intact et sa hauteur normale [9].
Les pointes inférieures des articulaires inférieures viennent en butée sur la vertèbre sous-jacente lors :
- Du fluage du disque inter-vertébral (DIV) normal et/ou
- D’une lordose importante et/ou d’une perte de hauteur du DIV et/ou
- D’une anatomie anormale.
Ainsi, la station debout statique prolongée peut devenir douloureuse lors du fluage discal, une condensation osseuse peut s’observer sur une radiographie de profil lors des appuis répétés ou après dégénérescence discale.
Hypothèse du coincement de franges méniscales
La face profonde des capsules comporte des franges méniscales destinées à améliorer la congruence articulaire. Elles pourraient se désengager de l’articulation lors de mouvements de flexion lombaire extrêmes.

Implications potentielles dans la lombalgie
Les articulaires postérieures sont sources de douleur : l’injection de produit de contraste ou d’une solution saline reproduit une lombalgie identique à la lombalgie commune, avec ou sans douleurs projetées à la fesse et/ou la cuisse, réversible par une injection intra-articulaire d’anesthésique.
Le piégeage méniscal
Il est lié à l’insertion des fibres profondes du multifide à la capsule articulaire postérieure. Ce dispositif «anti-coincement» est retrouvé à d’autres endroits du squelette (coude, cou-de-pied). Il limite les perturbations du jeu méniscal lors du retour en position neutre et peut expliquer les douleurs vives survenant lors de «faux-mouvements» lombaires. Le coincement méniscal est une hypothèse plausible, mais théorique, pouvant expliquer les effets parfois spectaculaires et immédiats des techniques manuelles : une absence de vigilance entraîne un coincement capsulaire ou méniscal, qui peut être libéré par une traction musculaire ou une décompression articulaire [9].