En fonction de la statique de l’épaule, de la position de la scapula, il devrait être possible de déduire des lignes de forces et donc la prépondérance de muscles responsables de son maintien, de ses altérations biomécaniques et peut être de ses souffrances.
Repérages et topographie de l’épaule
Patient debout ou assis, le kinésithérapeute en arrière de lui, repére la position dans l’espace de repères visuels remarquables (angle inférieur, bord axial, épine de la scapula, acromion).
Les valeurs normales sont à prendre avec précaution tant les scapulas ont naturellement des positions différentes [22].
Globalement :
- Les épaules doivent se situer légèrement en dessous de T1 dans le plan frontal.
- La ligne de gravité passe par l’acromion dans le plan sagittal.
- Les scapulas s’étendent de l’épineuse de T2 à celle de T8 [5] et sont exceptionnellement de dimension différente.
- Les épines doivent se situer au niveau de T3.
- Les angles inférieurs des omoplates doivent être au même niveau.
L’épaule correspondant à la main dominante est fréquemment plus basse que l’autre. Son développement musculaire est fréquemment plus important [28, 38].
Abord initial de la posture scapulaire
Sahrman [29], après Kendall [18] considère qu’il est possible de déduire une physiopathologie de l’attitude de l’épaule. Ses observations sont reprises ici.
Épaules en élévation
Le cou apparait court et les épaules proches des oreilles. Le bord supérieur des épaules est horizontal. Demander au patient de se relâcher ne conduit pas à l’abaissement de ses épaules (épaules en «porte-manteau»). Plutôt masculin.
Épaules en abaissement
L’acromio-claviculaire est inférieure à la sterno-costo-claviculaire. Le bord supérieur des épaules, convexe, laisse deviner les premières côtes. Plutôt féminin.
Épaules en enroulement
Les acromions sont placés en avant d’une ligne de gravité imaginaire passant par le tragus de l’oreille. La scapula est volontiers en abduction, en bascule antérieure, sagittalisée.
Scapula en sonnette médiale
L’angle inférieur est médialisé. Élévateur et rhomboïde (dont le bord inférieur est palpable voire visible) sont prépondérants, trapèze supérieur et/ou dentelé antérieur sont peu efficaces.
Scapula en abaissement
Grand pectoral et grand dorsal sont prépondérants, trapèze supérieur et/ou dentelé antérieur sont peu efficaces.
Scapula en élévation
Trois situations sont proposées :
- Seul l’angle supérieur de la scapula est tracté en crânial par l’élévateur de la scapula, l’acromion restant en position habituelle.
- L’ensemble de la scapula, acromion compris, est tracté en crânial, indiquant la prépondérance du trapèze supérieur.
- L’ensemble de la scapula est tracté en crânial lorsqu’élévateur, rhomboïde et trapèze supérieur sont prépondérants.
Frontalisation de la scapula
Le bord médial de la scapula apparaît proche du rachis. La faiblesse du dentelé antérieur, la prépondérance de l’élévateur et du rhomboïde sont évoqués.
Sagittalisation de la scapula
Le bord médial de la scapula apparaît éloigné du rachis. Une sonnette latérale est contemporaine, notamment en présence d’un dentelé antérieur prépondérant. Le grand pectoral participe à la sagittalisation.
Scapula «ailée» (scapula alata)
Le bord médial de la scapula apparaît postériorisé par rapport à la cage thoracique. Cela évoque une parésie du dentelé antérieur qui pourra être confirmée lors de l’examen dynamique avec ou sans résistance opposée). Demander au patient de mettre ses mains dans le dos comme pour attacher un soutien-gorge peut majorer cette impression uni ou bilatérale ; une prépondérance des muscles scapulo-huméraux est évoquée [29] comme autre facteur causal.
Position du membre supérieur
Elle peut être induite par la position scapulaire. Olécrane et saignée du coude doivent être alignées dans le plan sagittal. La paume de la main doit faire face à la face latérale de cuisse. La tête humérale ne doit pas apparaître excessivement antérieure à l’acromion par rapport au côté opposé.
Une latéralisation de l’olécrane, une médialisation de la saignée, une pronation excessive sont en faveur une rotation médiale du bras par rapport à la scapula (des fléchisseurs des doigts prépondérant induisent une pronation excessive au repos, paume orientée vers le dorsal, sans rotation du bras [29]).
Le thorax
Voir le chapitre concernant la posture thoracique.
Une posture rachidienne anormale (cypho-lordose prononcée, dos plat, inversion de courbure) peut se retrouver dans les coiffes des rotateurs dégénératives, qu’elles soient ou non douloureuses [43].
La déformation de la cage thoracique à la suite d’une scoliose prononcée altérera la position scapulaire au repos.
Noter que la statique des épaules ne varie pas en fonction du sexe [24], mais l’enroulement est plus fréquent lors de l’avancée en âge [8] et la cyphose thoracique exagérée y limite l’élévation des membres supérieurs [17].